
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le premier capture les tensions entre la ruralité et la ville en Inde, tandis que le second compose le récit de l’évolution de ses enfants et de leur environnement.
Himanshu Vats
Himanshu Vats n’avait jamais imaginé devenir photographe. L’artiste, installé à Gurgaon, en Inde, a d’abord poursuivi une carrière en ingénierie informatique avant de se tourner vers le 8e art. « J’ai commencé par prendre des photos avec mon téléphone et les poster sur ma page Instagram, confie-t-il. Pour apprendre les bases et comprendre ce que signifie “voir”, je suis allé dans la rue, sous la chaleur, dans la poussière et le chaos. » Ayant l’avantage de ne pas avoir suivi des cours de photographie, Himanshu Vats se laisse porter vers ce qui lui semble « naturel ». Attiré par l’environnement et les dialogues entre les espaces urbains et ruraux, il compose aussi bien des images douces que crues prises au flash. « Ayant vécu toute ma vie en ville, je rêve souvent du calme et de la simplicité de la vie au village. À travers mon appareil, j’explore la façon dont les habitants des régions reculées coexistent avec leur environnement et comment les changements écologiques affectent leur quotidien. Leur relation avec la terre et leur conscience de sa dégradation influencent profondément ma perspective », détaille-t-il. Sur ses clichés, les métropoles viennent grignoter les paysages de nature, des vaches se pavanent de jour comme de nuit, des arbres s’élèvent. « Je suis attiré par la création d’images qui peuvent paraître ordinaires à première vue, mais qui recèlent une singularité discrète. Souvent, nous ne réalisons même pas à quel point le monde qui nous entoure façonne notre manière de voir et de créer », conclut l’auteur.






Grant Harder
Une nature envoûtante se déploie sur les images de Grant Harder. On y aperçoit des oiseaux majestueux, des champs vermeils, des roches texturées et des eaux au bleu profond. « Je dirais que ma spécialité, c’est le portrait et le voyage », confie le photographe, installé à Vancouver, au Canada, avec sa femme et ses deux enfants. Ces derniers sont aussi présents dans le travail de l’artiste. « Mes enfants sont une source d’inspiration – ils ont une façon incroyable de se déplacer dans le monde, débordant de créativité », ajoute-t-il. Dans son projet It Looks Like Jam but It’s Actually Blood, qu’il poursuit depuis plusieurs années, Grant Harder fait dialoguer sa progéniture avec la nature qui les entoure. Un visage délicat ou un moment de candeur s’échappent de ses photographies. « Plus je vis avec cette œuvre, plus je me rends compte qu’il s’agit aussi d’une étude sur le temps. Elle retrace l’évolution des enfants – physique, émotionnelle, voire philosophique – et la manière dont ces changements reflètent les rythmes tranquilles du paysage. Le niveau du lac monte et descend. Les feuilles poussent et tombent. Les arbres ajoutent des cernes. La mousse fait ce que fait la mousse. Le projet vit dans ce parallèle : comment la croissance humaine et le monde naturel se façonnent mutuellement, saison après saison », raconte Grant Harder. Les chapitres de la vie semblent passer paisiblement sur ses images, offrant quelques moments de quiétude dans le brouhaha contemporain.



