
Axel Pimont et Pierre Leu, nos coups de cœur de la semaine, pratiquent avec retenue la photographie de rue. Si les deux cherchent à s’effacer pour ne pas perturber la scène qui se passe devant leur objectif, ils observent de manière bien distincte. Le premier explore les relations des corps à leurs environnements dans une esthétique monochrome et contrastée, tandis que le second s’inspire des univers colorés de Wong Kar-wai et de Wes Anderson.
Axel Pimont
« C’est le film Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda qui a fortement influencé ma pratique de la photographie », confie Axel Pimont, jeune photographe marseillais et étudiant en cinéma et audiovisuel. Sous le soleil méridional, l’auteur capte la mer, le réel, les corps et les éléments avec lesquels il interagit. « Dans le film d’Agnès Varda, certains plans tournés dans la rue sont pris sur le vif : les passants regardent la caméra, les mouvements de la foule ne sont pas contrôlés, comme si c’était la ville qui imposait son rythme », poursuit-il. En s’inspirant de cette approche, Axel Pimont s’immerge, observe, « se fond dans le décor », « s’oublie » et saisit dans des monochromes contrastés les moments de vie dans les rues, sur les plages et dans les calanques. Le noir et blanc est par ailleurs un choix réfléchi pour l’artiste : « Il me permet de mettre en valeur les contrastes, les ombres et les textures, mais surtout, il m’aide également à me concentrer sur l’essentiel pour faire ressortir ce qui compte vraiment : la résonance entre le corps et son environnement », assure-t-il. Des corps suaves se prélassent sous les rayons UV, des perles d’eau de mer dégoulinent sur les torses bronzés, on sent le soleil brûler sur chacun de ses clichés. « Je suis plutôt réservé, alors la photographie est devenue une façon de m’exprimer et de me rattacher aux autres, de transformer ma timidité en regard », conclut-il.





Pierre Leu
C’est durant ses voyages que Pierre Leu s’initie à la photographie. D’abord au téléphone, il découvre par la suite l’argentique et enfin la prise de vue numérique. « J’avais envie de garder une trace des endroits improbables que je traversais », précise-t-il. Puis, il rend sa pratique quasi quotidienne, dans une optique de mieux comprendre le médium et la direction qu’il souhaitait prendre. La rue s’avère alors être un terrain de jeu particulièrement riche. « Ce qui m’attire dans la photographie de rue, c’est qu’elle transforme des lieux ordinaires en scènes uniques, presque inattendues », raconte le photographe. S’inspirant des esthétiques colorées des réalisateurs comme Wong Kar-wai et Wes Anderson, Pierre Leu saisit des moments de vie simple tout en portant son attention aux détails, tout en cherchant à être « le plus invisible possible pour ne pas influencer ce qu’[il] observe » : un visage qui s’échappe d’un mur, des patins à roulettes sur sable, un instant en suspens sur une terrasse ensoleillée. Il arpente les grandes villes d’Asie et d’Europe et compose des clichés cinématographiques aux teintes chaleureuses.




