Katarina Marković et Marine Payré, nos coups de cœur de la semaine, apprécient jouer avec le flou dans leurs portraits. La première les conjugue à des distorsions et de doubles impressions quand la seconde les associe à des photographies de paysages aux contours nets.
Katarina Marković
Depuis l’adolescence, Katarina Marković a toujours été entourée de personnes ayant une forte inclination pour la création. « Cet environnement m’a façonnée, il m’a permis de voir naturellement le monde à travers un prisme plus sensible et avec plus d’attention », assure-t-elle. Ainsi, à l’âge de 16 ans, elle se lança dans la photographie afin de s’ouvrir davantage aux autres. Plus tard, elle étudia le cinéma à l’université, où elle put approfondir sa compréhension de la narration visuelle. « Mon approche est émotionnelle avant d’être technique. Je m’appuie plus sur les sentiments que sur la précision, laissant les prétendues erreurs prendre le pas sur la perfection. Un léger flou, une inclinaison subtile ou une ombre mal placée peuvent parfois en dire plus sur le désir ou la perte que n’importe quel cadre bien éclairé. Mon travail explore souvent la mélancolie, la tendresse et l’intimité », explique-t-elle. Dans In Passing, l’artiste serbe se livre à une introspection et interroge les événements, les rencontres et les impressions qui laissent une empreinte pérenne. « Il s’agit d’une combinaison de poésie et de photographie, créée dans des moments de solitude et de transition, où les frontières entre le passé, le présent et l’avenir s’estompent. Le projet explore comment l’absence devient présence et cherche à capturer ce qui nous transforme silencieusement », conclut-elle.
Marine Payré
« J’ai grandi dans le sud de la France, excentré et baigné au cœur de la nature, proche de la beauté de la mer et des montagnes. Fille unique et loin de l’agitation de la ville, j’ai commencé très tôt à créer un univers bien à moi, une bulle de créativité pour éviter l’ennui et la monotonie », nous confie Marine Payré. Ces paysages qui ont bercé ses jeunes années se retrouvent aujourd’hui au cœur de ses compositions. Les bougainvilliers de nuit, les hibiscus bicolores, les palmiers au crépuscule, les grands arbres balayés par le souffle du vent ou encore l’onde miroitant au soleil apparaissent tour à tour entre les portraits. Les êtres sont en harmonie avec leur environnement et peuvent dès lors s’exprimer sans entraves. Une de ses séries, réalisée dans une allée de la forêt de Fontainebleau, donne à voir un modèle qui « vibre » avec le décor sur une bande-son tenue secrète. « Mon inspiration provient tout d’abord d’un coup de cœur avec un lieu que je passe du temps à chercher en amont », explique-t-elle. Selon elle, les fougères sauvages, brûlées par la chaleur estivale, confèrent une dimension magique à l’espace. « Je fais souvent des liens entre ce que dégage une personne et un lieu », poursuit-elle. Au fil des clichés, sa muse devient de plus en plus floue, les lignes se courbent ainsi jusqu’à donner une impression de vertige.