« J’ai réussi à représenter quelque chose de joyeux à partir de quelque chose de très triste, tout comme elle. »
Cette semaine, plongée dans l’œil d’Andoni Beristain. Après la disparition soudaine de sa mère, le photographe espagnol a entamé une série pareille à une thérapie : Mother Piece. Pour Fisheye, il revient sur ce projet touchant dans lequel l’absence se traduit en couleurs.
« Cette photo est l’une des premières que j’ai prises dans le cadre de ma série la plus personnelle et intime intitulée Mother Piece. Elle est dédiée à ma mère qui est décédée subitement en février 2022. Elle représentait tout pour moi. Elle était ma meilleure amie, la meilleure personne que j’aie jamais connue et un phare de lumière. Elle était tout simplement incroyable. C’est la raison pour laquelle j’ai pris 63 photos tout au long de l’été dernier en guise de deuil, mais dans ce cas, il s’agissait d’un deuil jaune, notre couleur préférée. Je parle de la perte et de la mort d’un point de vue différent et coloré, en brisant les tabous. C’est ce que je veux transmettre. J’ai réussi à représenter quelque chose de joyeux à partir de quelque chose de très triste, tout comme elle. Elle n’était que bonheur, même si elle a beaucoup souffert au cours de sa vie. Cette photo évoque tous ces après-midi passés avec elle, à dormir sur le canapé, à rire ensemble ou à regarder un film terrible qui nous faisait éclater de rire. Elle est partie, et ma maison, mon refuge, mon havre de paix s’en est aussi allé. Pour représenter cela, j’ai tout simplement mis le feu à un fauteuil. C’est le feu de la colère, mais aussi la force que je porte en moi, rendant hommage à la personne que j’ai aimée et que j’aimerai le plus. »