Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Sandra Reis réalise des collages surréalistes à partir d’un même autoportrait, et fait de son corps le théâtre de ses fantasmes les plus délirants !
Inspirées par l’œuvre de Francesca Woodman, et le mouvement esthétique japonais Wabi-Sabi – qui regroupe la plénitude que l’on peut ressentir face aux phénomènes naturels à celle que l’on éprouve en observant des éléments marqués par le temps qui passe – les photographies de Sandra Reis se lisent comme des fragments intimes et mélancoliques. Des images brutes, marquées par un besoin d’introspection, une envie de représenter le spirituel tout en mettant en scène son propre corps. D’origine portugaise, l’artiste a grandi à Lille, avant de retourner dans son pays natal, à l’adolescence. Après des études de communication, intéressée par le 8e art, elle s’inscrit à l’Instituto Português de Fotografia pour se former. « J’adore le monde de l’image en général, et j’aime beaucoup en créer également. La photographie est une sorte de thérapie. J’apprécie particulièrement réaliser des autoportraits, pour explorer la sensation d’étrangeté que l’on ressent face à son propre corps », précise-t-elle.
Un moyen de se déconstruire
« J’ai appris à accepter mon apparence avec le temps. C’est tellement plus simple de parvenir à le faire ! Plus jeune, j’ai eu du mal à assumer de ne pas avoir un “corps parfait”. Je ne me sentais pas élégante, et j’ai perdu beaucoup de poids, si bien que j’ai eu des soucis de santé. En gagnant en maturité, j’ai compris que cette attitude n’était pas saine, et l’autoportrait a été une conséquence de ce changement de mentalité »,
poursuit l’artiste. Et si ses photographies forment un univers monochrome assez sombre, ses collages, eux, révèlent une multitude de couleurs, et un goût certain pour le surréalisme. Réalisées à partir d’images libres de droits venues de banques de données, et de ses propres clichés, ses réalisations déconstruisent les silhouettes humaines et forment des sculptures numériques insensées, aussi folles que réjouissantes. « Le collage me permet d’explorer le royaume imaginaire sans frontière. C’est pourquoi je me suis tournée vers ce médium : il s’agit d’un moyen de me déconstruire – car nous sommes faits de tant de strates différentes ! », ajoute-t-elle.
Empruntant à l’esthétique rétro de l’artiste Eugenia Loli, Sandra Reis crée ainsi, à partir d’un même selfie d’elle-même, une multitude d’œuvres bariolées. Collés à son corps ? Des animaux, des plantes, des figures géométriques, et même des éléments extraterrestres. Autant d’accessoires insensés permettant à l’artiste de détourner les codes du portrait, et d’apprendre à percevoir le corps humain comme un terrain de jeu. Loin des représentations plus sobres et intimistes de ses projets purement photographiques, ses montages s’attachent à révéler, au regardeur, son univers intérieur. Un espace où l’ennui n’existe pas, et où le corps devient finalement une simple enveloppe de chair, abritant une créativité sans limites.
© Sandra Reis