Photographe indépendant installé à Sacramento, Eddie Grogg manie l’art de la street photography, autant que celui de l’humour. « Photographier les personnes dans la rue est un véritable défi. Je déteste la confrontation, j’essaie de l’éviter à tout prix. Cela me fait donc sortir de ma coquille et m’oblige à aller dans le vif du sujet. J’aime aussi cette pratique, car cela signifie souvent que je voyage quelque part et que je photographie les sujets qui y vivent, ou passent par-là », explique-t-il. Depuis ses premières interrogations et fascinations pour le médium, Eddie Grogg a fait un long périple expérimental, s’évadant vers les horizons européens, ou sur les routes de la Californie, shootant jusqu’à la tombée de la nuit. Plutôt attiré par l’occasionnel, les faits éphémères, que par la photographie d’un quotidien routinier, il part puiser son inspiration là où l’inattendu émerge. « Je m’ennuie à capturer ma vie de tous les jours, même si ces derniers temps, celle-ci est beaucoup plus intéressante, car ma femme est enceinte. Capturer cette expérience a été incroyablement amusant. Les voyages m’apportent beaucoup de perspectives nouvelles. Il me semble que le potentiel est illimité lorsque je découvre un nouvel endroit et ses habitant·es pour la première fois. Même s’il s’agit simplement de rendre visite à des amis dans un autre État, je traiterai toujours l’événement à travers mon objectif et je m’acclimaterai en quelque sorte à mon appareil photo », avoue-t-il. Et c’est en s’immergeant dans les soirées spritz milanaises, en décadrant le regard ou en plongeant dans les conversations du subway new-yorkais, que la beauté des choses passagères ressort avec plus d’intensité.
© Eddie Grogg