Cette semaine, plongée dans l’œil de Ella Bats. Jusqu’au 31 août, la Ellia Art Gallery présente son œuvre récente, qui réunit la série Song Blues, ainsi que des photographies de Adam & Adam – des images qui ont la couleur des rêves. Pour Fisheye, l’artiste revient sur l’histoire de l’une d’elles.
« Cette photographie, issue de ma série Song Blues, est je crois l’une des photographies qui me touchent le plus en ce moment. Cette chose au centre, que l’on a du mal à identifier, a quelque chose de l’ordre d’un monde encerclé. On a beau tourner l’image dans tous les sens, on ne comprend plus vraiment qu’il s’agit d’un corps. On pourrait penser à une chimère, par exemple. Au fil du temps, je me rapproche de plus en plus de l’abstraction. Avec l’aide de la peinture et du maquillage phosphorescent, j’ai travaillé sur ces zones de chaleur qui circulent à l’intérieur de soi. J’ai exploré la matière vivante et vibrante du corps. Je désirais avant toute chose employer des teintes profondes, et surmonter le fait que les couleurs que j’ai choisies soient assez difficiles à concilier. Les frontières qui se dessinent entre l’intérieur et le hors de soi forment comme des liés, et des déliés ; un plein et un vide qui se contredisent. Pour moi, il y a comme un nouveau vocabulaire graphique qui peut se déployer par la photographie. Au cours de mon processus de création, c’était très plaisant, j’avais le sentiment d’être dans une forme de méditation. Je souhaitais que Renaud Dallet, danseur et chorégraphe qui a été mon modèle pour cet ensemble, vibre de lui-même librement – mais toujours au ralenti. C’était alors comme si mon œil pouvait penser à la place de mon cerveau, ou comme si celui-ci ne raisonnait plus en termes de mots mais d’images. J’ai voulu parler du corps, qui s’exprime lui-même sans langage. »
L’exposition AUM est à découvrir à la Ellia Art Gallery du 1er au 15 juin au 18, rue de Turenne, 75004 Paris, puis du 17 juin au 31 août au 14, avenue des Ternes, 75017 Paris (fermeture du 1er au 15 août).
© Ella Bats