Un jour, j’irai à Wuhan avec toi… Voir si le cœur de la ville bat… À tous les curieux en manque de périples, le photographe Simon Vansteenwinckel propose avec Wuhan Radiography une virée au sein du berceau de la pandémie de la COVID-19 !
Durant les deux premiers confinements, une tendance s’est dessinée : les carnets de bord de photographes confinés. Simon Vansteenwinckel, photographe belge, installé à Bruxelles a choisi de prendre cette mode à contre-pied, et a continué à s’ouvrir au monde, à voyager. Comment donc ? Virtuellement, via Google Maps (Street View). Son périple a démarré en des lieux touristiques, et s’est vite recentré sur le berceau de la pandémie : Wuhan, capitale de la province du Hubei, au centre de la Chine. La ville où tout a démarré. La ville qui était, il y a encore quelque temps, sous les projecteurs de l’OMS. « L’application donne accès à toute la planète ! » lance le photographe qui n’avait alors jamais été en Chine. Je ne connaissais même pas l’existence de cet endroit. J’imaginais une immense mégalopole grouillante et bruyante, quelque chose d’assez cliché malheureusement. »
Le silence et la peur
Comme nous tous, Simon Vansteenwinckel rêve de pouvoir à nouveau voyager « pour de vrai ». Et s’il ne se précipitera peut-être pas à Wuhan à la réouverture des frontières, il n’exclut pas d’essayer, un jour, de « retrouver les lieux photographiés via Google Maps ». Et puis, il est certain que ce voyage virtuel lui a donné envie de découvrir le pays. Un pays qu’il observe à la façon d’un radiologue : on y retrouve l’essentiel, avec des zones de floues toutefois. Son traitement du grain place d’ailleurs le regardeur dans l’incertitude. Dans quelle réalité sommes-nous au juste ? Car, en parcourant la première ville à se confiner, plus d’un an après, on découvre des scènes de vie joyeuses, où la force du collectif raisonne. « J’aime particulièrement l’image où l’on se retrouve à la table de joyeux lurons, dans un restaurant. J’ai l’impression d’y être et d’avoir pu profiter d’un instant de bonheur et de la bonne humeur de ces wuhannais », commente le photographe. On déambule aussi dans des espaces vides, où règnent le silence et la peur. Une atmosphère ô combien évocatrice. En faisant sienne et en repartageant à tous une matière qui, au demeurant, ne lui appartient pas, Simon Vansteenwinckel touche à l’universalité. Il signe-là un reportage original et pointe un changement de nos postures face à notre environnement. En témoigne sa façon de voir le monde encore un peu plus pessimiste qu’avant : « Il faut être aveugle pour ne plus voir que le système de nos sociétés est arrivé à un point de rupture ».
© Simon Vansteenwinckel