Eric Asamoah capture les nuances du passage à l’âge adulte

23 décembre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Eric Asamoah capture les nuances du passage à l’âge adulte

Dans The day after tomorrow, le photographe ghanéen Eric Asamoah entreprend l’exploration d’une transition : celle de l’adolescence à l’âge adulte. Une quête paisible, où passé et futur interagissent harmonieusement.

Sous le soleil chaud du Ghana, non loin des palmiers et de l’écume des vagues, les modèles d’Eric Asamoah apparaissent – calmes, assurés. Là-bas, aux contacts des éléments, leur peau devient veloutée, leur regard songeur, tandis qu’ils contemplent l’horizon. C’est une véritable introspection que le jeune photographe, né en Autriche en 1999, entreprend à travers sa première monographie, The day after tomorrow. Attiré depuis l’adolescence par le 8e art, c’est à travers les livres photo, les magazines et les films qu’il perfectionne sa vision, et développe son langage visuel. « Aujourd’hui, je m’intéresse particulièrement à tout ce qui est organique, authentique, et esthétique. En tant qu’auteur, il me parait essentiel de me fier à mon intuition, qui me guide et me dirige lorsque je capture un moment simple, une expression, un décor, et me permet de révéler quelque chose d’honnête. Je prends une photo parce que j’en ai vraiment envie. L’intention prend racine dans l’intuition », commente-t-il.

Et c’est ainsi qu’il construit son ouvrage. Ponctué par des nuances pastel, des lumières naturelles splendides et des portraits apaisants, le récit d’Eric Asamoah est empreint de liberté. Une liberté qui teinte son écriture photographique et influence ses compositions, tout comme les artistes qu’il admirait, sur Tumblr, étant plus jeune. « J’étais impressionné par ceux qui étaient véritablement passionné·e·s, et qui affichaient un style reconnaissable entre tous – c’est là la forme la plus pure du médium. Je pense notamment à Gordon Parks, Viviane Sassen, Liz Johnson Artur, Juergen Teller ou encore Jork Weismann », déclare-t-il.

© Eric Asamoah© Eric Asamoah

L’inéluctable avancée du monde

Mais cette liberté modèle également son propre parcours, ses propres émotions. Car The day after tomorrow prend racine dans l’évolution humaine, lors du passage à l’âge adulte. Un thème que l’artiste a choisi d’explorer dans son pays d’origine. Au Ghana, les corps de ses sujets se mettent – littéralement – à nu pour exposer leur vulnérabilité, leur transformation. « Alors que mon environnement change, et que je grandis, je pense de plus en plus au concept du temps, et son influence sur nous. Le passé est toujours présent, et il inspire le futur. Si commencer quelque chose de nouveau peut être excitant, sauter à pieds joints dans l’inconnu et laisser le passé derrière soi est effrayant, pour certain·e·s », commente le photographe.

Alors, à travers ses clichés, il tente de décrire l’envie d’avancer. Nuancées par des tons bleutés, les images convoquent un certain calme, une maîtrise rassurante de l’environnement, tandis que les modèles acceptent – avec résignation ou bonheur – l’inéluctable avancée du monde. Une philosophie que l’artiste lie à la diaspora africaine. « On se sent plus à l’aise avec notre ADN lorsque l’on connaît nos origines. J’ai en tête un proverbe africain : “si tu connais bien le début, la fin te troublera moins”. Plus j’ai appris de choses sur ma famille, moins je me suis senti seul : j’ai découvert une lignée de personnes aux traits, aux chemins, aux croyances similaires. C’est pourquoi j’ai choisi ce pays pour shooter cette série : c’est ici que tout a commencé », raconte-t-il. Entre deux territoires, deux âges, et une multitude de sensations, The day after tomorrow propose une lecture mesurée de la notion de passage. De solitaire à entouré. D’étranger à familier. De garçon à homme. Un conte aux lueurs picturales, décrivant, loin des carcans d’une hyper masculinité toxique, les doutes, les attentes, et l’acceptation d’un futur prometteur.

 

The day after tomorrow,  VFMK Books, 27,60€, 108 p.

© Eric Asamoah

© Eric Asamoah© Eric Asamoah

© Eric Asamoah

© Eric Asamoah© Eric Asamoah

© Eric Asamoah

© Eric Asamoah© Eric Asamoah

© Eric Asamoah© Eric Asamoah

© Eric Asamoah

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet