Face à la nébuleuse

14 septembre 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Face à la nébuleuse
L’histoire se déroule dans une ancienne république soviétique, le Faristan. Mais le lieu ici importe peu finalement. Réalisée par le photographe belge Matthieu Litt entre 2013 et 2015, “Horsehead Nebula” est une contemplation. La contemplation d’un ailleurs pur, immobile, où les paysages sont grandioses et les humains sont beaux. Matthieu nous raconte comment il a conçu cette série dont il a tiré un très beau livre. Propos recueillis par Marie Moglia.

Fisheye Magazine : Comment définirais-tu ton approche de la photographie et que cherches-tu à exprimer à travers l’objectif ?

Matthieu Litt : Disons que mon approche est au maximum personnelle, je suis plus à la recherche d’ambiances que j’ai en tête que d’évènements exceptionnels. J’essaye de présenter une version alternative de la réalité. Horsehead Nebula est une illustration de l’ailleurs, un endroit imaginé, mais dont les images sont issues d’un paysage bien réel.

Que signifie ce titre ?

La nébuleuse de la Tête de Cheval est une nébuleuse de la constellation d’Orion, il s’agit d’un nuage de poussière et de gaz, qui observé depuis la Terre prend la forme d’une tête de cheval.

Extrait de "Horsehead Nebula" / © Matthieu Litt
Extrait de “Horsehead Nebula” / © Matthieu Litt

Pourrais‐tu résumer en quelques mots l’histoire que raconte ce travail ?

Pour moi ce titre fait référence aux thèmes parcourus dans mon livre; une région distante et tellement différente [de l’Occident], ou la culture du cheval et des grands espaces tient une place prédominante. C’est comme une autre galaxie, située à la limite de ce que nous connaissons.

Où ont été prises les photos ? Quelles émotions t’ont inspiré ce(s) lieu(x) ?

Ces images proviennent du Faristan, disons un composite d’anciennes républiques Soviétiques. Il y règne une sérénité et un rythme très spécial, et l’espace y est immense, ce qui m’a beaucoup inspiré.

Extrait de "Horsehead Nebula" / © Matthieu Litt
Extrait de “Horsehead Nebula” / © Matthieu Litt
Extrait de "Horsehead Nebula" / © Matthieu Litt
Extrait de “Horsehead Nebula” / © Matthieu Litt

Ses paysages sont très présents. Peux-tu nous expliquer comment tu as construit Horsehead Nebula ?

La série s’est construite au fur et à mesure des rencontres, comme je n’ai aucune volonté documentaire, j’y présente ce qui m’a le plus marqué là-bas, c’est un point de vue subjectif. La séquence de toutes les images du livre propose un voyage, mais dans lequel chacun pourra j’espère trouver quelque chose de différent.

Quelle place les portraits tiennent‐ils dans ce travail ?

L’espace et la densité de population sont très différents là-bas de ce que nous connaissons, les paysages vides sont plus légion que les villages peuplés. Je voulais donc illustrer l’isolement des personnes qui y vivent en s’adaptant aux saisons malgré la rudesse du climat. Il y a eu une connivence avec [certains d’entre eux] et juste un bref échange avec d’autres. Là-bas, il y a aussi une variété d’ethnies différentes. J’ai voulu mélanger tout ça.

Extrait de "Horsehead Nebula" / © Matthieu Litt
Extrait de “Horsehead Nebula” / © Matthieu Litt

Tu portes aussi beaucoup d’attention aux détails et aux objets. Qu’est-ce qui t’attire dans cette forme d’immobilité ?

La nature est grandiose là-bas, j’y vois une trace de l’activité de l’homme qui vient interrompre de temps à autre cette quasi perfection. Ces traces ou constructions humaines sont aussi souvent altérées par les caprices du temps, la boucle est bouclée.

Ton image préférée de la série ?

Je dirais celle du cheval seul dont les pattes sont entravées (ndlr : il s’agit de l’image d’ouverture). Je trouve assez paradoxal et métaphorique le fait d’être immobilisé dans un espace qui semble infini comme celui-là. Les chevaux sont parfois attachés de la sorte la nuit pour éviter qu’ils ne s’enfuient vers d’autres horizons.

matthieu_litt-1matthieu_litt-2matthieu_litt-3matthieu_litt-4matthieu_litt-5matthieu_litt-6matthieu_litt-7matthieu_litt-8matthieu_litt-10matthieu_litt-11matthieu_litt-12matthieu_litt-13matthieu_litt-15matthieu_litt-17matthieu_litt-18matthieu_litt-19matthieu_litt-20matthieu_litt-21matthieu_litt-23matthieu_litt-24matthieu_litt-25matthieu_litt-26matthieu_litt-28matthieu_litt-29matthieu_litt-30matthieu_litt-31matthieu_litt-32

En (sa)voir plus

Horsehead Nebula

Ouvrage auto-édité, 128 p.
Édition limitée à 300 copies.
Prix : 29 euros.

→ Découvrez l’ensemble de son travail sur son site : www.matthieulitt.com

→ Suivez-le sur Tumblr : matthieulitt.tumblr.com

→ Et sur Instagram : @matthieulitt

Explorez
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Affiche Pictorial Service rue de la Comete 1950 © Archives Picto
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Arrière-petit-fils de Pierre Gassmann, Victor Gassmann veille sur l’héritage de Picto, laboratoire emblématique qui a façonné le tirage...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
I Saw a Tree Bearing Stones in Place of Apples and Pears © Emilia Martin
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye dépeignent différentes réalités. Certains puisent leur inspiration...
23 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
© Sandra Eleta
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
22 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La Galerie Carole Lambert réenchante l'œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Petit cheval de Quito © Archivo Manuel Álvarez Bravo
La Galerie Carole Lambert réenchante l’œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Jusqu'au 18 décembre 2025, la Galerie Carole Lambert devient l’écueil des 40 tirages d’exception du photographe mexicain Manuel Álvarez...
21 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Affiche Pictorial Service rue de la Comete 1950 © Archives Picto
Victor Gassmann : « Je crois en la matière »
Arrière-petit-fils de Pierre Gassmann, Victor Gassmann veille sur l’héritage de Picto, laboratoire emblématique qui a façonné le tirage...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici révèlent les corps et dénoncent les injonctions que nous leur collons. Ils et...
26 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine