Naturellement nommée Covid19, la nouvelle série de Roxy Hervé illustre l’isolement. Seule durant le confinement, la photographe s’initie à l’autoportrait et interroge la présence physique. Un imaginaire où le corps devient une forme inerte.
Qu’ils soient dénudés, vêtus, peints ou accessoirisés, les corps féminins habillent le compte Instagram de Roxy Hervé. « Je suis photographe au féminin et je joue avec les formes humaines », introduit l’artiste. Ses clichés déconstruisent l’idée préconçue d’un corps relié à un genre, à un sexe – à l’instar de Ren Hang. Derrière l’objectif de la photographe, l’enveloppe charnelle se dédouane de toute humanité. Diplômée de Fine Arts à Londres, Roxy Hervé utilise le 8e art et la peinture comme moyen d’expression. « La photo a pris le dessus, mais mon approche du médium est très liée à la relation que j’ai avec la peinture. Je commence toujours par peindre une idée dans ma tête en utilisant soit mon environnement, les modèles avec qui je travaille ou encore en jouant avec la lumière, un objet que j’ai trouvé ».
L’auto-peinture
L’annonce du confinement n’a pas effrayé Roxy Hervé. « Je n’avais pas beaucoup de temps pour organiser et réaliser mes projets. Mais surtout, je n’avais pas le temps de m’exprimer pleinement. Je profite donc de cette période pour, enfin, le faire. Cela me fait un bien fou et me permet de m’évader », confie-t-elle. Seule, dans une maison en Bretagne, l’artiste trouve au fil des jours l’équilibre pour s’occuper, créer et innover. Sans aucun modèle à disposition, elle joue alors avec son corps. Néophyte dans l’exercice de l’autoportrait, la photographe réussit le défi de sa propre mise en scène. Vivant, mort, ou inerte, le corps se peint dans l’espace. Le résultat – en noir et blanc – reflète une « forme humaine abstraite semblant être coincée dans un espace hors du temps. Tout ce qui compte ce sont les formes que le corps laisse percevoir », conclut l’artiste. Les courbes apparaissent, puis disparaissent, pour laisser place à un imaginaire décalé et touchant.
© Roxy Hervé