Fluidités : l’humain qui vient interroge l’influence des nouvelles technologies sur l’homo sapiens. Avec ce nouveau rendez-vous, Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains – estompe les frontières humaines. Nous dirigeons-nous vers un monde où les cyborgs surpasseront l’être humain ? Réponse en parcourant l’exposition.
« Une exposition exemplaire, tout à fait étonnante et inouïe qui annonce par ailleurs une image du Fresnoy qui est en train de se faire, déclare Alain Fleischer, directeur des lieux. C’est une invitation aux scientifiques à collaborer avec les artistes ». Cet immense lieu culturel – plus de 11 000m2 – ne cesse de se réinventer. Dans ce nouvel événement, la question du devenir humain est omniprésente. Entre inquiétude et fascination, les œuvres présentées évoluent via de nouvelles technologies.
Les prémices de Fluidités : l’humain qui vient ? La désolidification du monde. « Tout ce qui était dans le passé acquis et perçu comme évident ne l’est plus. On évolue dans un monde en mouvement, rien n’est solidifié », constate Benjamin Weil, commissaire de l’exposition. L’univers est devenu fluctuant, il n’y a plus de frontières fixes et stables. Seize artistes explorent cette idée de fluidité. Dans leurs créations, la pluridisciplinarité est de mise : la photographie, la vidéo ou encore la sculpture… Toutefois, la science s’immisce toujours dans chacune d’elles.
© SMITH
Vrai ou faux ?
S’agit-il d’un androïde ? Ce paysage est-il chimérique ? En parcourant les différentes créations, le doute plane. À travers sa série Orogenesis, Joan Fontcuberta sonde la crédibilité de l’image tout en offrant une nouvelle interprétation à de célèbres peintures signées Cézanne et Millet entre autres. Le photographe partage cinq visuels à couper le souffle, conçus à partir de scans de surfaces d’œuvres connues. Par le biais de la technologie, il transforme des paysages illusoires en photographie.
Dans une continuité d’imitations du réel, Daniel Steegmann Mangrané rend hommage au coryphée des forêts : l’Amazonie. Phantom, une installation 3D de réalité virtuelle, plonge le spectateur dans cette forêt qui perd de sa voix. La sachant menacée, l’artiste, originaire d’Espagne, en a filmé une partie. La modélisation de cette zone du Sud-Ouest du Brésil – le Mata Atlântica – agit comme une évaporation des corps. Ces arbres et ces feuilles fantomatiques, en noir et blanc, interrogent la disparition de notre propre enveloppe charnelle dans cette sylve disparue.
Engagement du corps et de l’esprit
La dissolution du corps est aussi de mise dans une grandiloquente architecture nommée « Complexe ». Nous voici au cœur de l’installation, évolutive et mobile – le noyau du projet Désidération de SMITH et Diplomates. Fisheye l’a découvert en novembre dernier, à la galerie des Filles du Calvaire. Aujourd’hui, une nouvelle étape prend vie au Fresnoy. « L’astrophysique et l’astronomie ne font plus partie de notre rapport au monde. Se réconcilier avec le cosmos serait un premier pas vers la résolution de crise », confie SMITH. Des moon beds permettent la contemplation d’une lumière céleste, d’une fin du monde, ou du cosmos, plus ou moins proche. Une fresque, d’une dizaine de photographies de l’artiste, complète le projet. Un traitement personnel à travers lequel l’ancien résident du Fresnoy souhaite se distancer du simple programme métaphysique. « Un chien, une plante, la personne qu’on aime,… l’approche est identique, quelque soit le sujet photographique ». Une exposition collégiale passionnante qui interroge le devenir de l’humanité.
Fluidités : l’humain qui vient
Du 8 février au 29 avril 2020
Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
22 rue du Fresnoy, 59202 Tourcoing
DIPLOMATES x SMITH, Désidération @ Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, 2020
@ SMITH – Courtesy Galerie les Filles du Calvaire
© Daniel Steegman Mangrané
© Joann Fontcuberta
© Michael Najjar