C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Cette semaine, avec Transatlántica, un corpus photographique composé de trois séries, Elsa Leydier dévoile l’envers du décor du Brésil et de la Colombie.
Vous le savez, au sein de la rédaction Fisheye, on aime autant les photos que leurs récits ! Alors nous avons lancé, il y a maintenant un an, un objet multimédia dont le 54e épisode sort aujourd’hui. Au cœur des Focus, les artistes se dévoilent et partagent avec nous quelques anecdotes. Succédant à 53 auteurs et autrices, Elsa Leydier déboulonne des images « dominantes » du Brésil et de la Colombie pour ainsi révéler une autre vérité, qui n’est plus celle qu’on nous a faussement martelée.
« Je me saisis des “images iconiques” – des territoires, des personnes, des images que j’appelle images “dominantes”. Puis je m’attache à leur créer des failles, à les mettre à mal, à les faire bugger, etc. J’aime bien, à travers ses failles, révéler d’autres histoires, d’autres images qui se trouvent dans l’ombre et dont on parle moins souvent. Ce sont souvent des histoires liées à des injustices – sociales, climatiques – qui peuvent se cacher derrière ces représentations, lustrée et idéalisée », confie Elsa Leydier. Dans ce travail réunissant trois séries – Brazil : System Error (#elenão), Plátanos con platino et Braços Verdes e Olhos Cheios de Asas – l’artiste visuelle et plasticienne intervient sur ses images en y ajoutant une nouvelle couche narrative. Souhaitant s’émanciper des préconçus et reconstruire un nouvel imaginaire autour de ces territoires, elle réalise alors des images distordues, chargées de bugs, d’où surgissent parfois quelques éléments naturels de beauté. « Je ne veux surtout pas que les spectateurices voient mon travail et se disent : “l’Amazonie c’est comme ça”, qu’ils puissent plonger dans une réalité que je dépeindrais. Au contraire, je veux que mes images – en étant matérialisées en 3D dans l’espace pour qu’on puisse tourner autour – soient perçues comme des objets que j’utilise, ou comme des éléments qui me permettent de construire une réalité, un discours », explique-t-elle.