Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. La photographe Rosemarie Yang dévoile sur Instagram un univers minimaliste. Une galerie symbolique représentant une féminité aussi forte que délicate.
« Mon premier contact avec la photographie ? J’avais seize ans, et je documentais toutes mes journées à l’aide de mon téléphone portable »,
se souvient Rosemarie Yang. Cette artiste venue de Singapour se spécialise aujourd’hui dans la photographie de mode et la nature morte. Des créations aux tons pastel et délicats inspirées par son amour des magazines et sites dédiés à la haute couture. « Je me rappelle m’être promis de réaliser un jour de telles images. Si mes premiers pas ont été difficiles – je jonglais entre mes études, mes cours de musique et ce nouvel intérêt pour l’image – cette passion grandissante m’a aidé à me trouver », raconte l’artiste.
Minutieux et minimaliste, son univers photographique est soigneusement maîtrisé. Travaillant parfois avec des moodboards lorsqu’elle réalise des commandes, Rosemarie Yang joue avec les accessoires et la lumière pour construire des œuvres charmantes, et quelque peu surréalistes. « Contrairement à ce que l’on croit, la photographie n’est pas forcément synonyme de réalisme. J’aime déformer visuellement les choses que je capture, et créer des mises en scène saugrenues », confie-t-elle. Une fantaisie discrète, que l’on ne remarque qu’en se plongeant entièrement dans son monde lumineux.
Se faire entendre
Mains gracieuses, visages pensifs, jambes dénudées… Dans les images de Rosemarie Yang, les corps semblent se cacher et jouer avec le regardeur. « La plupart de mes photographies sont des autoportraits. Il s’agit d’une habitude que j’ai prise lorsque j’ai commencé à expérimenter », précise l’artiste, qui ne révèle presque jamais entièrement sa silhouette. Une pudeur qu’elle associe à la place de la femme photographe dans le monde industriel : une position souvent dénigrée ou même oubliée. « Le corps féminin, qu’il soit représenté à travers des zooms, des détails ou des jeux de miroir devient ainsi un moyen de mieux me connaître et de m’exprimer librement », explique-t-elle. Derrière les images se cachent de nombreux symboles, représentant ses conflits intérieurs, ses doutes et sa conscience. Une manière de se livrer à ses followers (elle est suivie par 35 000 personnes sur Instagram) avec élégance. Dans un milieu dominé par les hommes, la photographe ne cesse de développer son univers particulier. Une manière créative de se faire entendre dans une société donnant trop peu d’importance aux œuvres des artistes féminines. « Je représente une vision de la femme qui me plaît : une femme qui peut être forte, tout en restant délicate », conclut-elle.
© Rosemarie Yang