« Gentlemen’s Club » : tournée des strip-clubs américains

10 mars 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« Gentlemen’s Club » : tournée des strip-clubs américains

Le photographe français François Prost a lancé sa campagne de préachat pour Gentlemen’s Club, un ouvrage, édité par Fisheye, abritant une collection étonnante : des façades de strip-clubs, shootées aux États-Unis.

Designer et directeur artistique, François Prost s’est fait connaître avec After Party, une série compilant des centaines d’images de façades de discothèques, construites aux quatre coins de la France. Dans ces clichés colorés, shootés en plein jour, les édifices deviennent presque comiques, surréalistes. Comme si, sans le voile de la nuit, leur existence cessait d’avoir du sens. « En observant ces photographies, beaucoup ont pensé qu’elles avaient été réalisées aux États-Unis – grâce à leurs noms, leurs enseignes, leurs architectures, leurs références à une certaine culture du loisir et des parkings », confie l’artiste. Pour cette raison, ce dernier s’est envolé de l’autre côté de l’Atlantique durant six semaines. Là-bas, de Miami à Los Angeles, il s’est attaqué à un autre temple de la « débauche » : les clubs de strip-tease.

© François Prost© François Prost

Promesses d’un bon temps

« Le rapport que semblent entretenir les Américains avec ces clubs est assez différent de ce que l’on observe en Europe

, explique l’auteur. Il s’agit d’une sortie assez banale, on s’y rend en couple, ou entre amis, les soirs de week-end, pour aller se divertir. Il n’est pas rare, non plus, de pouvoir y déguster une entrecôte de premier choix en assistant à une danse. » Un décor dont l’absurdité fascine François Prost. Comme After Party, ce nouveau volet, intitulé Gentlemen’s Club, prend forme en pleine journée. Capturés sous une lumière solaire, estivale, les bâtiments dénotent. Sur leurs murs, les inscriptions évoquent des promesses fugaces – celles d’un bon temps, d’un fantasme, d’une sexualité à outrance.

C’est en sillonnant le sud du pays que François Prost a réalisé son projet. « J’ai traversé la Floride, avec ses palmiers et ses couleurs pastel, la chaleur humide du Bayou, les pompes de forage et les chapeaux de cow-boys du Texas, le désert et les cactus de l’Arizona et du Nevada, pour finir à Los Angeles », raconte-t-il. Un périple festif contrastant avec le puritanisme de ces territoires. En se concentrant sur les façades, l’auteur invite le regardeur à s’interroger. Que disent ces établissements de nos rapports au genre ? Et à la sexualité ? Entre provocation et austérité, comment ces clubs font-ils la publicité de leur service ? Et quelle clientèle accueille-t-il ? En ne photographiant que leur extérieur, François Prost nous invite à user de notre imagination. Face aux noms aguicheurs – ou tout simplement drôles – « La Chatte », « Lollipops », ou encore « Totally Nude » – il nous faut nous représenter un univers à part, où le sex appeal devient monnaie courante, et où le ridicule cesse d’exister.

 

Gentlemen’s Club, Éditions Fisheye, 35€, 250 pages. La campagne de préachat est à retrouver ici.

© François Prost© François Prost
© François Prost© François Prost
© François Prost© François Prost

© François Prost

Explorez
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
30 avril 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
© Guillaume Nedellec
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
Nos coups de cœur de la semaine, Guillaume Nedellec et Simona Pampallona, nous plongent tous·tes deux dans une esthétique en...
29 avril 2024   •  
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
05:07
© Fisheye Magazine
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, et en l’honneur de Signal, sa rétrospective, accueillie jusqu’au 30 juin 2024 au Palais...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
© Paul Van Trigt
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
Impliqué dans la scène musicale expérimentale depuis de nombreuses années, aussi bien avec ses projets MOT et IDLER qu'avec ses travaux...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Milena Ill
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
© Andres Serrano
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
Jusqu’au 29 juin 2024, la Fondation Francès célèbre ses 15 ans à travers l’exposition XXH 15 ans - Temps 1. Par les œuvres des artistes...
01 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
© Kristina Rozhkova
Ultra-violence, bodybuilding et livre d’artiste : nos coups de cœur photo du mois
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas