George Georgiou : « Americans Parade »

26 décembre 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
George Georgiou : « Americans Parade »

En 2016, George Georgiou a photographié 26 parades aux quatre coins des États-Unis. Un travail étudiant l’importance de tels rassemblements au cœur d’un pays divisé. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

« Le chemin qui m’a mené vers

Americans Parade a été sinueux. En 2011, lors d’un voyage aux États-Unis, j’ai commencé à réfléchir aux routes composant le territoire américain, leur influence sur la société, leur manière d’encourager la ségrégation dans le pays. On voit parfois si peu de personnes dans la rue, là-bas, qu’on a l’impression de ne connaître un endroit que par sa réputation », raconte George Georgiou. C’est en 2016 que le photographe britannique a commencé son projet de livre (financé par une campagne Kickstarter), après avoir assisté à une parade dédiée à Martin Luther King à Long Beach, en Californie. « Contrairement à ma première visite de cet endroit, les rues étaient devenues vivantes, accueillant un flot constant de personnes », ajoute-t-il. Dans un monochrome unifiant les différentes étapes de son parcours, le photographe a capturé une collection de visages, d’expressions, de postures, de gestes, de looks, de comportements et d’identités. « Un récit complexe et ambigu, aux airs de tableaux modernes », commente-t-il.

© George Georgiou

Rassemblements dans un pays divisé

De janvier à décembre 2016, George Georgiou a assisté à 26 parades, dans 24 villes de 14 États. Des foules impressionnantes de New York ou Laredo, au Texas, aux plus petites réunions à Bâton Rouge, en Louisiane, ou à Ripley, en Virginie-Occidentale. « Il était important de toucher le plus grand nombre d’Américains possible. J’ai finalement passé très peu de temps à regarder les parades, préférant me concentrer sur leur public », s’amuse-t-il. Car ce sont les dynamiques entre les individus et la société qui fascinent le photographe. Publié par The New York Times au lendemain de l’investiture de Donald Trump, Americans Parade étudie l’importance des rassemblements au cœur d’un pays profondément divisé.

« Croyons-nous toujours à la notion de communauté aujourd’hui ? Ou sommes-nous de simples étrangers, nous tenant côte à côte, anonymes, dans la rue ? », s’interroge l’auteur. Dans l’ouvrage, les photographies se succèdent, donnant à voir la diversité des foules américaines. « Le nombre de visages représentés brouille la réalité, invitant une familiarité abstraite dans le travail. À chaque image, on se prend à chercher quelqu’un qu’on connaît. Je souhaite que tout le monde puisse se voir dans ces clichés, sans peur ni préjugé ; c’est bien sûr quelque chose que je ne peux contrôler », conclut George Georgiou. Avec cette parade d’Américains, l’artiste compose une fresque photographique détaillant les nuances de ces communautés éphémères. Celles qui « arrivent une demi-heure avant l’événement et repartent une demi-heure plus tard, laissant dans leur sillage des rues désertes et des déchets. »

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #39, en kiosque et disponible ici.

© George Georgiou

© George Georgiou© George Georgiou

© George Georgiou© George Georgiou

© George Georgiou© George Georgiou

© George Georgiou

© George Georgiou

Explorez
Œuvres de fiction : la séance de rattrapage Focus !
© Henri Kisielewski
Œuvres de fiction : la séance de rattrapage Focus !
L’été et les vacances qui l’accompagnent s’imposent bien souvent comme un moment propice pour se laisser porter par des œuvres de...
24 juillet 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #463 : tout feu tout flamme
© Anass Ouaziz / Instagram
La sélection Instagram #463 : tout feu tout flamme
Le soleil brûle dans notre sélection Instagram de la semaine. Les flammes se déchaînent, les briquets s’allument, et les lueurs rouges...
16 juillet 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Archevêché by Fisheye : un bilan réjouissant
© Claire Jaillard
Archevêché by Fisheye : un bilan réjouissant
Le 6 juillet s’est clôturé la première semaine des Rencontres d’Arles 2024. À la cour de l’Archevêché, lieu historique du...
13 juillet 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 01.07.24 au 07.07.24 : cap sur Arles !
© Joachim Haslinger, Tribute to Egon Schiele, 2022 courtesy www.atelierjungwirth.com
Les images de la semaine du 01.07.24 au 07.07.24 : cap sur Arles !
C’est l’heure du récap‘ ! Cette semaine, Fisheye se plonge dans la 55e édition des Rencontres d'Arles et revient sur quelques-unes de ses...
07 juillet 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina