Guerre d’Espagne : l’autre regard d’Antoni Campañà présenté au Pavillon Populaire

Guerre d’Espagne : l'autre regard d'Antoni Campañà présenté au Pavillon Populaire
Un soldat franquiste observe le village de Cerbère, en territoire français, depuis le littoral frontalier, mars 1939 © Arxiu Campañà
Du 29 juin au 24 septembre 2023, le Pavillon Populaire de Montpellier dévoilera des images méconnues de la guerre d’Espagne, signées Antoni Campañà. La monographie s’impose comme la première exposition de l’Hexagone consacrée à ce pan de l’œuvre du photographe catalan.

Comme à l’accoutumée, le Pavillon Populaire s’apprête à dévoiler une grande exposition à la thématique encore inédite en France. Après une rétrospective consacrée à Madame Ora, l’institution montpelliéraine s’attache à faire découvrir l’œuvre d’Antoni Campañà. Catalan d’origine, le photographe a immortalisé plus de 5 000 instants de la guerre d’Espagne. Restées consignées dans une boîte rouge, à l’abri des regards pendant quatre-vingts ans, ses images témoignent de l’évolution d’un conflit complexe, de son commencement à l’été 1936 jusqu’à l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale, trois ans plus tard. Au fil des 200 clichés présentés sur les murs du musée se dessinera, dans une beauté de l’oxymore, la multitude de contradictions que cette période dramatique porte en elle. Entre les ruines subsiste toujours un cœur battant, et dans leur intensité, les émotions se heurtent entre elles avec fracas.

Au-delà de la portée documentaire de son geste, Antoni Campañà utilise le médium photographique comme une thérapie personnelle. De confession catholique, il montre les églises que les milices révoltées ont détruites avec fougue. D’autres compositions révèlent des fragments de vie quotidienne, la réalité des anarchistes, mais également celle des personnes réfugiées. En 1939, il donne à voir les troupes fascistes italiennes, maures et nazies allemandes, en liesse, qui défilent à Barcelone. Quels que soient ses sujets, l’artiste est toujours en quête de beauté et cherche à satisfaire une approche esthétique. Cette immense fresque souligne toutes les nuances de cette guerre civile, totale, qui fait rage et passera les frontières pour affecter l’opinion publique française et internationale. Encore aujourd’hui, ces images – qui ont participé à définir les grandes lignes de la photographie de guerre moderne – suscitent la réflexion et offrent un panorama tout aussi complet de la vie en ce temps-là.

Une mère réfugiée de Malaga avec son bébé à son arrivée au stade de Montjuïc à Barcelone, février 1937 © Arxiu CampañàMannequin caricatural représentant Franco avec la croix nazie et le symbole de la Phalange sur la Plaza Catalunya à Barcelone, 1937 © Arxiu Campañà

À g. une mère réfugiée de Malaga avec son bébé à son arrivée au stade de Montjuïc à Barcelone, février 1937 © Arxiu Campañà ; à d. Mannequin caricatural représentant Franco avec la croix nazie et le symbole de la Phalange sur la Plaza Catalunya à Barcelone, 1937 © Arxiu Campañà

Un soldat franquiste observe le village de Cerbère, en territoire français, depuis le littoral frontalier, mars 1939 © Arxiu Campañà

Un soldat franquiste observe le village de Cerbère, en territoire français, depuis le littoral frontalier, mars 1939 © Arxiu Campañà

Arrivée des réfugiés de Malaga au stade de Montjuïc, février 1937 © Arxiu CampañàDes femmes tentant de récupérer leurs effets personnels après le bombardement du quartier de la Barceloneta, 29 mai 1937 © Arxiu Campañà

À g. Arrivée des réfugiés de Malaga au stade de Montjuïc, février 1937 © Arxiu Campañà ; à d. Des femmes tentant de récupérer leurs effets personnels après le bombardement du quartier de la Barceloneta, 29 mai 1937 © Arxiu Campañà

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet