L’Institut pour la photographie de Lille présente la programmation de l’automne 2023 : huit artistes donnent leur vision de la réalité qui les entoure à travers des médiums différents, allant de la photographie classique au Photomaton, en passant par les projections.
L’Institut pour la photographie de Lille annonce sa programmation d’automne. Comme toujours, au cœur de la démarche de l’institution, il y a la photographie comme expérience individuelle et collective. Conservation, diffusion, transmission, soutien à la recherche et à la création, édition : l’Institut est un lieu d’interaction, de dynamisme et de croisements culturels. Cet automne, huit artistes racontent l’actualité par des prismes différents, en nous ouvrant à des récits nouveaux. Iels questionnent notre perception des événements et transforment l’intime en un sujet éminemment politique. Les médiums sont différents et vont de la photographie traditionnelle au Photomaton, en passant par la vidéo, qui constitue un fil rouge de cette saison. S’y invitent Bertrand Gadenne, connu pour ses projections dans l’espace public ; Olivier Despicht, avec sa collection de plus de 140 photomatons ; Bettina Rheims, et ses travaux autour du genre ; ou encore Justine Pluvinage, qui filme l’histoire d’amour de ses voisins, Coralie et Mourad, en explorant les frontières de la fiction…Le programme Hors les murs présente le projet Bonaventure, une création participative avec douze personnes qui vivent ou travaillent dans le quartier de Thionville. Entre récit de soi et fiction, un parcours d’autels prend vie qui fait tant écho à la culture occidentale qu’aux traditions orientales. Pour finir, la commande industrielle et le livre photographique propose une sélection d’une vingtaine d’ouvrages, issue de la bibliothèque de Lucien Birgé dont sa donation de plus de 25 000 ouvrages est en cours, couvre l’histoire de ce genre éditorial depuis le début du 20e siècle.
Bettina Rheims & Kim Harlow : une traversée du genre
L’une des expositions les plus marquantes de la saison est celle de Bettina Rheims, présentant les travaux de la photographe autour de l’identité de genre dans le contexte des années sida. Un parcours qui retranscrit l’histoire d’amitié entre la photographe et Kim Harlow, femme transgenre qui a fortement impacté l’œuvre de l’artiste au début des années 1990. Trois séries sont présentées à Lille : Modern Lovers (1990), grâce à laquelle Bettina Rheims atteint la renommée internationale, les images de Kim (1991) et Les Espionnes (1992). Le projet avec Kim reste le plus confidentiel et intimiste. Il est accompagné d’une édition pour laquelle elle laisse un enregistrement vocal ainsi qu’un manuscrit, témoignage rare mu par la question de la vérité et de l’authenticité. Alors que Kim décède en 1993 des suites du sida, la photographe immortalise à jamais cette véritable traversée du genre et rend hommage à leur merveilleuse relation de confiance. C’est une archive rare et précieuse qui s’ouvre à nous, l’une des premières à aborder la trajectoire trans.