Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Le photographe français Paul Baudon a mené une curieuse expérience : photographier avec le cœur, littéralement.
Rythme cardiaque et photographie. Cette association insolite et non moins électrique a intrigué Paul Baudon, un auteur qui développe des projets documentaires en même temps que des séries plus expérimentales. « J’aime raconter des histoires, rencontrer des gens et, à travers eux, documenter des sujets démographiques, géographiques ou environnementaux. J’aime aussi questionner la photographie », annonce le jeune artiste. En témoigne À l’origine du cœur, une série consacrée à l’électricité, et au 8e art, ou plutôt, à leur rencontre. Avant lui, Etienne-Léopold Trouvelot, et plus récemment Hiroshi Sugimoto avaient également documenté l’existence de ce lien, en se concentrant notamment sur le déplacement de l’électricité. Paul Baudon a poussé le concept en se focalisant sur le photographe, prouvant ainsi qu’il était possible de shooter grâce à nos battements cardiaques. « Il s’agit de la pulsion électrique la plus significative pour l’être humain. J’ai donc cherché à récupérer cette pulsation, afin de l’amplifier et de lui faire commander un arc électrique venant marquer le papier ». En résultent des éclairs blancs, plus ou moins suggestifs.
Si l’interprétation de ces faisceaux lumineux est laissée libre à chacun, des formes biologiques se distinguent. Un arbre ici, et des nervures de feuilles, là. La nature, et plus largement la vie, reprend ses droits. « Cette série a débuté un peu naïvement. Je souhaitais réaliser des images avec le cœur, en prenant l’expression au pied de la lettre. Aujourd’hui, je pense global », précise l’artiste. « Pour beaucoup, la photographie est une façon de voir le monde, et donc, peut-être, de vivre les choses. L’intérêt d’un tel médium réside dans sa puissance à raconter, montrer ou faire comprendre les choses. Dans cette lignée, l’acte de photographier est aussi instantané et porteur qu’un battement du cœur ». Une déclaration d’amour à la photographie peu commune.
© Paul Baudon