Lauréate des Sony World Photography Awards dans la catégorie « Découverte », Maria Kokunova effectue avec The cave une introspection radicale. Entre son statut de mère et un isolement volontaire, la photographe russe livre un récit intime et déroutant.
« Depuis 4 ans, je mène une vie isolée à Ulyanovka, un tout petit village près de Saint-Pétersbourg. Je suis comme menottée à ma maison, aux enfants et à ma pratique artistique. Actuellement en congé maternité, je me suis consciemment privée d’une vie sociale active afin de me concentrer sur l’éducation de mes deux filles et sur mes créations. Introduit Maria Kokunova. Comme on pouvait s’y attendre, l’interaction inexistante avec l’environnement extérieur et la violation fréquente des limites personnelles par les enfants ont un impact traumatisant. Mais l’isolement induit également un travail sur mon imagination. Associée aux souvenirs, elle devient la condition essentielle de mes pratiques d’autoréflexion qui me permettent de créer. » Dans The Cave, la photographe russe se concentre sur sa personnalité et la manière dont elle peut constituer une histoire. Celle de devenir mère et de mener une vie isolée.
Théorie d’une vie
Cette expérience hors du commun suscite rapidement un sentiment d’anxiété, une peur de la mort et de l’agressivité chez la photographe. En transformant cette épreuve en une série artistique, Maria Kokunova se réconcilie avec elle. Largement inspirée de théoriciens de l’art contemporain et de philosophes, tels que Sigmund Freud, Walter Benjamin, Roland Barthes ou encore Elena Petrovskaya, elle n’hésite pas à se plonger dans un monde fictionnel. « La fiction constitue une autre source d’inspiration, à la fois classique et moderne. Marcel Proust, Virginia Woolf, Jean-Paul Sartre ou Franz Kafka, participent inconsciemment à mes projets. La littérature du courant de la conscience et du réalisme magique me tient particulièrement à cœur », explique Maria Kokunova.
Dans cet autoportrait recouvert d’argile, intitulé Facelessness, l’artiste fait référence à la cécité et à l’absence de visage. « Je ne pouvais ni voir, ni parler, ni respirer. Mon mari prenait les photos, il était nerveux. À la fin, il m’a suggéré de ne pas enlever le masque : « c’est tellement bien quand tu ne peux pas parler » », témoigne-t-elle. Bien que ce souvenir la fasse sourire, cette photo reste pour elle l’une des plus effrayantes. Ses autres clichés divaguent entre étrangeté et mystère d’un mode de vie extraordinaire. À travers The Cave, Maria Kokunova signe une série réflexive et intrigante.
© Maria Kokunova