Isolement et maternité

26 juin 2020   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Isolement et maternité

Lauréate des Sony World Photography Awards dans la catégorie « Découverte », Maria Kokunova effectue avec The cave une introspection radicale. Entre son statut de mère et un isolement volontaire, la photographe russe livre un récit intime et déroutant. 

« Depuis 4 ans, je mène une vie isolée à Ulyanovka, un tout petit village près de Saint-Pétersbourg. Je suis comme menottée à ma maison, aux enfants et à ma pratique artistique. Actuellement en congé maternité, je me suis consciemment privée d’une vie sociale active afin de me concentrer sur l’éducation de mes deux filles et sur mes créations. Introduit Maria Kokunova. Comme on pouvait s’y attendre, l’interaction inexistante avec l’environnement extérieur et la violation fréquente des limites personnelles par les enfants ont un impact traumatisant. Mais l’isolement induit également un travail sur mon imagination. Associée aux souvenirs, elle devient la condition essentielle de mes pratiques d’autoréflexion qui me permettent de créer. » Dans The Cave, la photographe russe se concentre sur sa personnalité et la manière dont elle peut constituer une histoire. Celle de devenir mère et de mener une vie isolée. 

© Maria Kokunova© Maria Kokunova

Théorie d’une vie

Cette expérience hors du commun suscite rapidement un sentiment d’anxiété, une peur de la mort et de l’agressivité chez la photographe. En transformant cette épreuve en une série artistique, Maria Kokunova se réconcilie avec elle. Largement inspirée de théoriciens de l’art contemporain et de philosophes, tels que Sigmund Freud, Walter Benjamin, Roland Barthes ou encore Elena Petrovskaya, elle n’hésite pas à se plonger dans un monde fictionnel. « La fiction constitue une autre source d’inspiration, à la fois classique et moderne. Marcel Proust, Virginia Woolf, Jean-Paul Sartre ou Franz Kafka, participent inconsciemment à mes projets. La littérature du courant de la conscience et du réalisme magique me tient particulièrement à cœur », explique Maria Kokunova.

Dans cet autoportrait recouvert d’argile, intitulé Facelessness, l’artiste fait référence à la cécité et à l’absence de visage. « Je ne pouvais ni voir, ni parler, ni respirer. Mon mari prenait les photos, il était nerveux. À la fin, il m’a suggéré de ne pas enlever le masque : « c’est tellement bien quand tu ne peux pas parler » », témoigne-t-elle. Bien que ce souvenir la fasse sourire, cette photo reste pour elle l’une des plus effrayantes. Ses autres clichés divaguent entre étrangeté et mystère d’un mode de vie extraordinaire. À travers The Cave, Maria Kokunova signe une série réflexive et intrigante.

© Maria Kokunova© Maria Kokunova

© Maria Kokunova© Maria Kokunova© Maria Kokunova© Maria Kokunova© Maria Kokunova

© Maria Kokunova

Explorez
Dennis Morris : au nom de la musique et de l'amour
The Abyssinians, outake from the photo shoot for the album Arise 1977 © Dennis Morris
Dennis Morris : au nom de la musique et de l’amour
Du 5 février au 18 mai 2025, la Maison européenne de la photographie présente une exposition de Dennis Morris, photographe emblématique...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Dans l'œil de Yshao Lin : reconnecter avec sa terre et son histoire
© Yshao Lin. When They Ring Those Golden Bells.
Dans l’œil de Yshao Lin : reconnecter avec sa terre et son histoire
Cette semaine, plongée dans l’œil de Yshao Lin. Avec son projet When They Ring Those Golden Bells, il explore sa terre natale, Hujiang...
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 20.01.25 au 26.01.25 : intimité et société
© amos.waits / Instagram
Les images de la semaine du 20.01.25 au 26.01.25 : intimité et société
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye nous livrent autant de récits intimes que de réalités prenant place dans nos...
26 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Circulation(s) : le festival de la photo émergente de retour en 2025
© Isabella Madrid
Circulation(s) : le festival de la photo émergente de retour en 2025
Circulation(s) est de retour en 2025 avec une sélection de 23 artistes représentant la richesse de la photo émergente. Cette année, le...
24 janvier 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dennis Morris : au nom de la musique et de l'amour
The Abyssinians, outake from the photo shoot for the album Arise 1977 © Dennis Morris
Dennis Morris : au nom de la musique et de l’amour
Du 5 février au 18 mai 2025, la Maison européenne de la photographie présente une exposition de Dennis Morris, photographe emblématique...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
© Thomas Cheung / Instagram
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
C’est sous le signe du Serpent de bois, incarnant la sagesse et la réflexion, que s’ouvre la nouvelle année lunaire. Les artistes de...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l'œil de Yshao Lin : reconnecter avec sa terre et son histoire
© Yshao Lin. When They Ring Those Golden Bells.
Dans l’œil de Yshao Lin : reconnecter avec sa terre et son histoire
Cette semaine, plongée dans l’œil de Yshao Lin. Avec son projet When They Ring Those Golden Bells, il explore sa terre natale, Hujiang...
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
© Diane Velex
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
Diane Velex et Sára Kölcsey, nos coups de cœur de la semaine, expriment leurs émotions à travers l’objectif. La première dévoile ses...
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger