Jean-Marc Caimi & Valentina Piccinni : « Güle Güle »

26 mars 2020   •  
Écrit par Eric Karsenty
Jean-Marc Caimi & Valentina Piccinni : « Güle Güle »

Avec leur nouveau projet sur Istanbul, Valentina Piccinni & Jean-Marc Caimi poursuivent leur travail « mené selon une approche visuelle instinctive et empathique, construit à travers une recherche et une méthodologie documentaire ». Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

Les deux artistes conçoivent des projets depuis 2013, et ont déjà publié cinq livres remarqués et régulièrement primés : Rhome, Forcella, The Burning Plain, Same Tense et Daily Bread. Leur nouvel ouvrage, Güle, Güle – qu’on pourrait traduire par « au revoir, au revoir » – nous raconte les profonds changements dans la physionomie de la capitale turque. « Chaque photographie est le fruit d’une relation humaine, d’une liaison, de temps passé à pénétrer dans le tissu complexe de la ville, fait de microcosmes contrastés, parfois inconciliables, expliquent les auteurs. Nous avons choisi d’exalter cette coexistence à travers le rapprochement des images – portraits, détails, situations, panoramas – pour faire émerger des mondes possibles, symboles de la stratification de la ville, toujours plus grande. » Islamisation, gentrification, marginalisation des classes défavorisées, mais aussi question du genre, discrimination de l’homosexualité, flux migratoire des réfugiés et stigmatisation de la communauté kurde sont autant de « réalités qui se cachent derrière les images ».

Une réalité sans le filtre de l’esthétique

Souvent prises avec une lumière crue, dans la violence d’un flash, leurs photographies cherchent à nous montrer une réalité sans le filtre de l’esthétique. « Nous pensons que la force des images, leur beauté, leur pouvoir poétique et évocateur résident dans ce qui est photographié, dans le sujet, dans la scène qui se déroule sous nos propres yeux, sans médiation. L’impact des images peut être troublant ou brutal », poursuivent Valentina Piccinni & Jean-Marc Caimi. « Notre approche visuelle tend à se construire sur un récit photographique ouvert plutôt que linéaire. Une manière de faire apparue progressivement au cours de notre collaboration. Notre principal intérêt pour la photographie est d’être directement impliqués et de pouvoir rendre compte de manière personnelle des histoires contemporaines et des facettes complexes de la condition humaine. Nous pensons que le “qui” est bien plus important que le “quoi”. Nous nous concentrons sur les personnes qui font l’histoire, leur motivation, l’environnement social, politique et physique qui crée les conditions pour qu’un événement se produise. » Ancien journaliste et musicien, Jean-Marc Caimi continue à composer des pièces multimédias, et Valentina Piccinni, diplômée en histoire de l’art, s’intéresse à la peinture ancienne et moderne. La transposition en photographie des concepts qui sous-tendent les œuvres d’art – musicales ou picturales – fait partie des préoccupations artistiques de ce singulier binôme.

© Caimipiccinni

© Caimipiccinni

© Caimipiccinni

 

Güle Güle, Ed. André Frère, 35 euros, 108 pages.

Cet article est à retrouver dans Fisheye #41, en kiosque et disponible ici.

© Caimipiccinni

 

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet