Jefferson Hayman : la photographie dans un écrin

22 octobre 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Jefferson Hayman : la photographie dans un écrin

Jusqu’au 11 décembre, la Galerie de l’Instant présente La poésie de l’image : les créations atypiques de Jefferson Hayman. Une œuvre raffinée, mêlant photographie et inspirations picturales.

« J’ai étudié la peinture et le dessin dans une école d’art, et je me servais de la photographie comme d’une référence. Et puis un jour elle m’a conquise : je ne ressentais plus le besoin de la transformer en quelque chose d’autre pour créer une œuvre »,

raconte Jefferson Hayman. Cet artiste américain présente à la Galerie de l’Instant ses créations uniques. Pour lui, toute démarche doit être guidée par la notion de beauté. « J’essaie de la trouver dans chaque objet, chaque instant, que ce soit dans une paire de chaussures, un portrait de mes enfants ou au détour d’une rue », ajoute-t-il. Influencé par ses études, le photographe s’inspire des tableaux des grands peintres pour réaliser ses images. Des créations suggérant un récit, tout en laissant au regardeur la liberté de le compléter. « J’ai souvent été obsédé par certains artistes : De Vinci, Raphaël, Ingres, Delacroix, Whistler, Marcel Duchamp et sa théorie de ce qui peut être considéré “art” et bien d’autres », précise Jefferson Hayman. Des modèles lui apprenant l’art des natures mortes et de la composition, l’imperceptible mélancolie d’un paysage maritime, ou la poésie d’un portrait pris à la dérobée… Et bien sûr, le choix de l’encadrement.

Réaliser des objets uniques

Véritable artisan, Jefferson Hayman contrôle chaque étape de la création d’une image. « J’aime réaliser des objets uniques, or la photographie est un médium qui peut être dédoublé. J’utilise donc tous les outils à ma disposition pour développer des œuvres individuelles », explique-t-il. Ses clichés – presque jamais retouchés en postproduction – sont envoyés à un imprimeur avec qui l’artiste discute des différents supports. De la précision d’un papier mat à la finesse d’une feuille japonaise, les photographies se transforment selon chaque choix, convoquant les émotions que l’auteur souhaite partager. Enfin, le tirage est placé dans un cadre, souvent construit par le photographe lui-même. « J’en possède environ 400 dans mon studio, et je me rends tous les jours dans des magasins d’antiquités, à la recherche de nouveaux modèles », précise-t-il.

Un travail long et méticuleux : si l’auteur travaille sans arrêt, il ne termine généralement qu’une réalisation par jour. Et le résultat séduit. Au cœur de la Galerie, les œuvres accrochées évoquent des tableaux. Les bordures ornées épousent les formes parfois étranges des clichés – tantôt étroits, tantôt sphériques – et révèlent leur beauté. Un mariage de textures et de couleurs fascinant. Enfermées dans leurs écrins, les images deviennent précieuses. Une collection atypique rappelant la noblesse des peintures flamandes.

 

La poésie de l’image

Jusqu’au 11 décembre 2019

Galerie de l’Instant, 46 rue de Poitou, 75003 Paris

© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant
© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant
© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant
© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l'Instant

© Jefferson Hayman / Courtesy Galerie de l’Instant

Explorez
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
© Chloé Lamidey
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
Chiens, chats, ours, éléphants ou encore pigeons, apprivoisés, sauvages ou même espions, parmi les séries présentées sur les pages de...
23 juillet 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
© Ludivoca De Santis
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
Collections d’images venues de rêves lucides, Onironautica de Ludovica De Santis interroge, au travers de mises en scène intrigantes...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
© Pascal Sgro
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
Entre nostalgie et humour, le photographe belge Pascal Sgro saisit, dans sa série en cours Le Jardin du Lunch, la bienveillante laideur...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina