
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville d’accueil de sa dernière grande exposition. Impressionism, Résonances retrace une exploration profonde du mouvement impressionniste à travers le 8e art et plonge les spectateur·ices dans un univers onirique.
Au fond d’une petite cour, dans le 10e arrondissement de Paris, derrière une verrière ornée de grandes plantes vertes, des lueurs colorées intriguent le regard. Le pas-de-porte passé, nous pénétrons dans un monde à la frontière de la photographie et de la peinture impressionniste. Nous sommes ici à la Galerie Porte B, qui présente Impressionism, Résonances, une exposition signée Jonathan Bertin, visible jusqu’au 20 décembre. Le soleil plonge dans une mer calme, le squelette d’une cathédrale se révèle ou des silhouettes traversent un passage piéton. « Je trouve qu’il y a un message sur la temporalité, c’est un lieu où on s’arrête, on marche, on est pressé, on va quelque part. La notion de mouvement est intrinsèquement liée au passage clouté », précise l’artiste. Dans cet écrin, il réunit de manière audacieuse deux séries réalisées dans deux territoires opposés : sa Normandie natale, faite de bords de mer, de marchés et de paysages, et Séoul, la capitale bruyante et effervescente de la Corée du Sud, lieu de sa dernière exposition.
Adepte de la couleur – et fortement inspiré par Ernst Haas – et des scènes du quotidien, Jonathan Bertin redécouvre le mouvement impressionniste en répondant à un appel à projets de sa région qu’il réalise entre 2023 et 2024. Il étudie les peintres dans des musées et parcourt la Normandie en quête de détails, de gestes et de lumière. « Quand je travaillais à Rouen, je retournais souvent au même endroit, et j’ai commencé à remarquer des comportements récurrents : ce peintre avec ce merveilleux chapeau qui vendait ses toiles et qui braillait sur la foire, ou bien cette dame qui achetait tous les dimanches un gros bouquet de fleurs. Je trouve qu’il y a beaucoup de petits moments de poésie dans le quotidien qu’on a tendance à mettre de côté. Et c’est précisément ce que j’essaye de souligner », raconte-t-il.



Séoul à la sauce impressionniste
Sa série réalisée en Normandie et intitulée Impressionism fait forte impression, et rapidement, il s’en va l’exposer à Séoul, en Corée du Sud. Là-bas, un nouveau chapitre s’ouvre. Jonathan Bertin pose son regard sur le bouillonnement de la ville, toujours dans une esthétique impressionniste. « Les couleurs, les mouvements se prêtaient bien au jeu. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à rester plusieurs heures sur un passage piéton pour voir toutes ces silhouettes qui bougent, qui attendent que le feu devienne vert », poursuit le photographe. Face à la rapidité de la métropole, Jonathan Bertin opte pour une approche qu’il considère comme « moins aérés, plus denses ». Il mise sur les allures, les ombres et la ville en fusion. Dans l’exposition présentée à la Galerie Porte B, cette nouvelle série du nom de Séoul Impressionism tutoie les images de Normandie. « J’aime quand c’est éclectique, quand il y a une rupture, confie l’artiste. Associer ces deux séries allait dans cette continuité », indique-t-il. Des courses hippiques se fondent avec la frénésie des néons, les plages avec le trafic. « J’avais cette idée que les peintres impressionnistes n’ont pas eu l’occasion de dépeindre les capitales de notre époque, alors je voulais pousser leur regard sur cet environnement urbain », conclut Jonathan Bertin, qui souhaite retourner au Pays du Matin calme afin de sonder la texture.



