« Je crois que l’on devient photographe à partir du moment où l’on pense avec des images, où l’on réussit à saisir et transmettre une émotion par ce biais », déclare Juliette Alhmah. Diplômée de l’ENS Louis-Lumière, l’artiste ne cesse de chercher « la poésie dans le banal, la beauté là où on ne l’attend pas ». Une démarche l’orientant naturellement vers l’infime, le discret. Ces détails qui s’oublient s’effacent à l’échelle du temps. Ces plis, ces rides, ces peaux qui vivent, ces instants qui semblent s’étirer dans l’infini, impassibles tandis que le monde, lui, ne cesse de tourner. « La photographie est aussi pour moi un moyen de questionner les représentations. Les notions d’intimité et d’organique : capturer mon corps, celui de ma mère, ceux de mes amies et de mes amants. C’est aussi explorer son propre corps qui vit, montrer la vraie beauté singulière : les poils, les rougeurs, les bleus, l’aspect », poursuit l’autrice. Une manière aussi pour elle de placer l’humain au cœur de son travail : « J’aime la difficulté de l’exercice du portrait, proposer une image d’une personne qu’on ne connaît parfois pas, réussir à déceler quelque chose… Mais j’aime aussi la diminution de mon pouvoir à ce moment-là, dépasser l’œil voyageur et le pouvoir de capturer », affirme-t-elle. Alors, comme un échange, une entente entre deux êtres, de chaque cliché de Juliette Alhmah fleurit un éventail d’émotions. Une quête continue d’identité, d’abandon, de liberté, d’aveuglement ou d’amour qui rayonne et réchauffe nos cœurs d’un feu familier.
© Juliette Alhmah