Du 2 septembre au 21 octobre, la galerie Templon à Paris accueille Kingdom of Ends, la nouvelle exposition de Robin Kid. L’artiste emprunte tous les codes de la pop culture pour interroger les névroses de notre temps et présenter, sans filtres, les pires angoisses des jeunes générations.
Robin Kid (1991), a.k.a The Kid, propose une nouvelle série à l’imagerie foisonnante, questionnant les névroses de notre époque : Kingdom of Ends. L’artiste, un magicien de l’image qui joue avec les codes photographiques et publicitaires, donne vie ici à des œuvres hybrides, à la croisée entre sculpture et peinture. Ces panneaux tapageurs reprennent l’imaginaire de notre enfance commune pour aller explorer le besoin de confort jamais comblé de notre génération, en proie à toutes ses angoisses d’avenir. Dans son travail, l’artiste hollandais détourne une variété d’imageries sociales, politiques et traditionnelles du passé et du présent en leur donnant des connotations parfois provocantes de rébellion, de religion et de politique. Combinant panneaux en acier inoxydable et sculpture en aluminium avec la peinture à l’huile, Robin Kid donne vie, comme s’il s’agissait d’un jouet pour enfants, à des billboards idéalisés de nos désirs collectifs. L’enfance, dépeinte ici comme presque grotesque, est au centre de l’intérêt de l’artiste qui y place le début de toutes nos insécurités, scandée dès le plus tendre âge d’un marketing omniprésent.
L’enfance comme terrain du grotesque
L’enfance et ses représentations, entre le vintage et le grotesque, sont au cœur de la recherche de Kid. L’inquiétude qui se propage de ses œuvres dérive d’un rapport dévié à ce qui devrait être l’âge de l’innocence, qui se mue au contraire en ère monstrueuse de lavage du cerveau. En convoquant ses souvenirs, l’artiste illustre la naïveté des rêves adolescents, qui cèdent vite la place à un besoin compulsif de consommer et de se sentir toujours confortables. Son titre traduit signifie « Royaume des Fins » : il fait référence au principe éthique de Kant, et à notre besoin et notre espoir collectifs d’une existence sûre, mise à mal par la peur que dans le monde d’aujourd’hui, beaucoup ne puissent jamais l’atteindre. Dévoilée sous son jour le plus cringe et étrange, l’enfance est désacralisée au service d’un message politique sans fioritures. Son univers se nourrit joyeusement du monde de la publicité, de l’internet, de l’industrie du divertissement et des expériences personnelles pour créer des narratifs énigmatiques mais universels, suscitant la réflexion et interrogeant le monde polarisé du 21e siècle.