Kingdom of Ends : Robin Kid explore les névroses de notre temps

26 août 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
Kingdom of Ends : Robin Kid explore les névroses de notre temps
© Robin Kid
© Robin Kid

Du 2 septembre au 21 octobre, la galerie Templon à Paris accueille Kingdom of Ends, la nouvelle exposition de Robin Kid. L’artiste emprunte tous les codes de la pop culture pour interroger les névroses de notre temps et présenter, sans filtres, les pires angoisses des jeunes générations.

Robin Kid (1991), a.k.a The Kid, propose une nouvelle série à l’imagerie foisonnante, questionnant les névroses de notre époque : Kingdom of Ends. L’artiste, un magicien de l’image qui joue avec les codes photographiques et publicitaires, donne vie ici à des œuvres hybrides, à la croisée entre sculpture et peinture. Ces panneaux tapageurs reprennent l’imaginaire de notre enfance commune pour aller explorer le besoin de confort jamais comblé de notre génération, en proie à toutes ses angoisses d’avenir. Dans son travail, l’artiste hollandais détourne une variété d’imageries sociales, politiques et traditionnelles du passé et du présent en leur donnant des connotations parfois provocantes de rébellion, de religion et de politique. Combinant panneaux en acier inoxydable et sculpture en aluminium avec la peinture à l’huile, Robin Kid donne vie, comme s’il s’agissait d’un jouet pour enfants, à des billboards idéalisés de nos désirs collectifs. L’enfance, dépeinte ici comme presque grotesque, est au centre de l’intérêt de l’artiste qui y place le début de toutes nos insécurités, scandée dès le plus tendre âge d’un marketing omniprésent.

L’enfance comme terrain du grotesque

L’enfance et ses représentations, entre le vintage et le grotesque, sont au cœur de la recherche de Kid. L’inquiétude qui se propage de ses œuvres dérive d’un rapport dévié à ce qui devrait être l’âge de l’innocence, qui se mue au contraire en ère monstrueuse de lavage du cerveau. En convoquant ses souvenirs, l’artiste illustre la naïveté des rêves adolescents, qui cèdent vite la place à un besoin compulsif de consommer et de se sentir toujours confortables. Son titre traduit signifie « Royaume des Fins » : il fait référence au principe éthique de Kant, et à notre besoin et notre espoir collectifs d’une existence sûre, mise à mal par la peur que dans le monde d’aujourd’hui, beaucoup ne puissent jamais l’atteindre. Dévoilée sous son jour le plus cringe et étrange, l’enfance est désacralisée au service d’un message politique sans fioritures. Son univers se nourrit joyeusement du monde de la publicité, de l’internet, de l’industrie du divertissement et des expériences personnelles pour créer des narratifs énigmatiques mais universels, suscitant la réflexion et interrogeant le monde polarisé du 21e siècle.

© Robin Kid
© Robin Kid
© Robin Kid
© Robin Kid
© Robin Kid
Explorez
Kiana Hayeri et Mélissa Cornet remportent la 14e édition du Prix Carmignac
Kaboul, Kaboul, Afghanistan, 29 février 2024. Des journalistes féminines travaillent dans le bureau d'un média axé sur les femmes. Depuis l'arrivée au pouvoir des talibans en août 2021, le paysage médiatique afghan a été décimé. Selon Reporters sans frontières, dans les trois mois qui ont suivi la prise de pouvoir des talibans, 43 % des médias afghans ont disparu. Depuis, plus des deux tiers des 12 000 journalistes présents dans le pays en 2021 ont quitté la profession. Pour les femmes journalistes, la situation est bien pire : obligées de se couvrir le visage, de voyager avec un chaperon, interdites d'interviewer des officiels, soumises au harcèlement et aux menaces, plus de 80 % d'entre elles ont cessé de travailler entre août 2021 et août 2023, selon Amnesty International. Sans reporters féminines, il devient de plus en plus difficile de rendre compte de la situation des femmes afghanes dans une société où les hommes sont rarement autorisés à les interviewer. Les sujets concernant les droits des femmes sont particulièrement sensibles, et la pression exercée sur les médias et les journalistes a fait de l'autocensure la nouvelle norme pour les reportages. © Kiana Hayeri pour Fondation Carmignac
Kiana Hayeri et Mélissa Cornet remportent la 14e édition du Prix Carmignac
Le jury du Prix Carmignac a récompensé Kiana Hayeri et Mélissa Cornet pour Afghanistan: No Woman’s Land. Cette édition 2024 est consacrée...
05 septembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Et Wataru Igarashi entra dans la transe
© Wataru Igarashi
Et Wataru Igarashi entra dans la transe
Série au long cours, Spiral Code a pris, l'année dernière, la forme d’un publié chez The Photobook Review et shortlisté pour le Arles...
05 septembre 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Photographie et imaginaire, la quatrième dimension
© Elsa & Johanna
Photographie et imaginaire, la quatrième dimension
« L’imagination est plus importante que la connaissance », affirmait Albert Einstein en 1929 lors d’une interview au Philadelphia...
05 septembre 2024   •  
Écrit par Anaïs Viand
L'Italie dans l'œil des photographes de Fisheye
© Alessandro De Marinis
L’Italie dans l’œil des photographes de Fisheye
Les auteurices publié·es sur Fisheye célèbrent l’Italie, de ses paysages naturels sauvages et volcaniques à ses villes antiques.
04 septembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
J’aime la vie : l’ode à la légèreté de Tropical Stoemp
© Patrick Lambin
J’aime la vie : l’ode à la légèreté de Tropical Stoemp
Le 6 septembre est sorti le nouveau numéro de la revue photo collaborative Tropical Stoemp, créée par les éditions Le Mulet. Un opus...
07 septembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les souvenirs occasionnels de Tatjana Danneberg 
© Tatjana Danneberg
Les souvenirs occasionnels de Tatjana Danneberg 
Pour la première fois en France, la Maison européenne de la photographie accueille Something Happened, une exposition de l'artiste...
06 septembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nika Sandler : amitié et boules de poils
© Nika Sandler. My Nonhuman Friends.
Nika Sandler : amitié et boules de poils
Dans son livre auto-édité My Nonhuman Friends, Nika Sandler et ses chats se partagent la narration d’une histoire d’amitié. Leur dialogue...
06 septembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Tanguy Troude : transformer nos fragilités en force
© Tanguy Troude
Tanguy Troude : transformer nos fragilités en force
Installé à Paris, Tanguy Troude fait de Consolations une série personnelle illustrant notre besoin, humain et inconscient, de réconfort....
06 septembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas