Le 22 juin, le Prix Élysée a divulgué le nom du lauréat de sa quatrième édition : Kurt Tong. Dans Dear Franklin, le photographe hongkongais croise les médiums pour explorer ses racines chinoises.
Depuis sa création, le Prix Élysée accompagne les photographes dans l’évolution de leur carrière. Sans thématique imposée, le concours distingue, chaque année, huit finalistes internationaux, dont les travaux ont déjà fait l’objet de publications ou d’expositions. Chacun de ces nommés reçoit une contribution de 5000 CHF (environ 4550 euros) pour réaliser un projet inédit. Parmi ces auteurs, un lauréat est ensuite récompensé. Celui-ci remporte 80 000 CHF (soit environ 72 800 euros) – une somme lui permettant de finaliser un projet, et de publier un livre à son sujet – un véritable tremplin pour des artistes en pleine création ! Pour cette quatrième édition, le jury du Prix a choisi de récompenser le photographe hongkongais Kurt Tong, et son projet Dear Franklin.
Une relecture de l’histoire
Diplômé d’un master en photographie documentaire du London College of Communication, Kurt Tong explore, à travers des projets multidisciplinaires, ses racines chinoises, sa culture et sa propre compréhension de son pays d’origine. Dans Dear Franklin, il se plonge dans une relecture de l’histoire, retraçant les pas de Franklin Lung, un homme ayant vécu juste après la chute de l’Empire chinois, en 1912.
C’est en 2018 que l’auteur fait la connaissance du personnage, en recevant, à la mort de son voisin, un vieux coffre en bois, scellé par un sceau taoïste, contenant de nombreuses lettres et photographies appartenant à Franklin. Fasciné par l’anecdote, Kurt Tong se lance dans de longues recherches, et découvre, peu à peu, le récit de sa vie. Issu d’une famille pauvre de Hong Kong, l’homme – à force de détermination – parvient à s’intégrer à la haute société chinoise, et se fiance à Dongyu, fille d’un général de haut rang. En 1948, Dongyu, alors à bord d’un bateau fuyant l’armée communiste, fait naufrage. Le cœur brisé, Franklin décidé malgré tout de l’épouser, par le biais d’une cérémonie fantomatique, unissant une personne vivante à un être décédé. Peu après, il émigre aux États-Unis, mais peine à maintenir sa stature. Ruiné, il retourne finalement à Hong Kong, où il finit par se suicider.
Ancrée dans un passé tumultueux, l’histoire du protagoniste de Kurt Tong fascine par son universalité. Au fil des péripéties, le photographe parvient à mêler passé et présent, réalité et fiction, et à explorer des sujets modernes en les ancrant dans une époque révolue. « Kurt utilise un mélange de fictions et d’événements historiques pour parler des problèmes qui nous entourent aujourd’hui : les migrations forcées, les guerres civiles et les effets que ces événements ont sur l’individu », conclut Laurel Parker, jurée du Prix Élysée.
© Kurt Tong