La beauté révélée du Midwest

14 mars 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La beauté révélée du Midwest

Le photographe américain Thomas Jordan est fasciné par le Midwest. Un territoire qu’il sublime dans Instant Honey, un ouvrage mêlant mélancolie, nature et banlieues pavillonnaires.

« Lorsque j’étais petit, mes parents nous photographiaient, mon frère et moi, avec des appareils jetables. Le processus me semblait magique : le temps et la mémoire se figeaient grâce à un bout de plastique. C’était fou »,

se souvient Thomas Jordan. Plus connu sous le pseudonyme de Tamejawdin sur Instagram, ce photographe installé dans l’Illinois est fasciné par le 8e art depuis longtemps. C’est en devenant père à son tour qu’il a renoué avec son amour d’enfance. « J’ai acheté un boîtier pour prendre en photo ma fille, et cela a ravivé mon amour du média. Je me suis alors essayé à la photographie argentique, et je n’ai plus fait marche arrière », confie-t-il.

Pour lui, la photographie est une histoire de connexions. Une expérience longue et sensorielle, qui sublime l’ordinaire et révèle la beauté cachée de l’environnement. Inspiré par l’œuvre d’Edward Hopper, Thomas Jordan transforme ses images en tableaux, éclairés par une lumière chaleureuse et poétique. Une atmosphère particulière que l’on retrouve dans Instant Honey, un ouvrage regroupant les errances du photographe dans le Midwest américain.

La mélancolie du paysage américain

Banlieues tranquilles, maisons abandonnées, vieilles voitures et fleurs sauvages composent le livre de Thomas Jordan. Un savant mélange de nature et d’urbain, réunis par une nostalgie commune. « Je suis né dans les banlieues du nord-ouest de Chicago. Les maisons que je capture me rappellent celles de mes souvenirs », précise l’auteur. D’apparence banales, les images de ces espaces urbains sont sublimées par les tons chauds d’un ciel rougeoyant. Un détail nécessaire pour le photographe, qui ne shoote qu’au lever ou au coucher du soleil. « J’ai commencé à capturer la végétation sous cette même lumière. Le résultat ? Une beauté pure, naturelle, ajoute-t-il. En combinant les deux, j’ai réalisé le portrait parfait du Midwest, et de son atmosphère estivale nostalgique. »

À la manière d’Edward Hopper, Thomas Jordan invite la mélancolie dans le paysage américain. Comme le peintre, le photographe utilise la lumière à la manière d’un outil ambigu, qui sublime le quotidien, et brouille la frontière entre rêve et réalité. Tout en contraste, les rayons lumineux révèlent des détails, et évoquent tantôt une calme journée de vacances, tantôt la tristesse annonçant la fin de l’été. Un récit poétique, qui fait écho au titre de l’ouvrage, référence aux paroles de la chanson Suzanne de Leonard Cohen : and the sun pours down like honey (et le soleil coule comme du miel).

 

Instant Honey, Éditions Aint-Bad, 40$, 96 p.

© Thomas Jordan© Thomas Jordan

© Thomas Jordan

© Thomas Jordan© Thomas Jordan
© Thomas Jordan© Thomas Jordan

© Thomas Jordan

© Thomas Jordan© Thomas Jordan

© Thomas Jordan

Explorez
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #527 : l'être-nature
© Tetsuo Kashiwada / Instagram
La sélection Instagram #527 : l’être-nature
Trop souvent l’être humain s’est pensé extérieur au monde naturel. Capitalisme et mondialisation en sont en partie responsables. Si la...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
The Wave, Jamaica, 2013 © Txema Yeste, courtesy of Galería Alta
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
Du 9 au 26 octobre 2026, le village côtier de Cadaqués, en Catalogne, devient le théâtre du monde de l’image. Quarante photographes, en...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
© Juliette-Andréa Élie / Fondation Avril
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
Jusqu’au 12 octobre 2025, la 3e édition de la biennale Photoclimat prend ses quartiers à Paris. De la place de la Concorde à celle de...
27 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
Residency InCadaqués 2025 © Antoine De Winter
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
La rentrée scolaire est souvent synonyme de foisonnement d'expositions. Pour occuper les journées d'automne et faire face à la dépression...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
© Chloé Nicosia, One Hundred Trillion Dollars / Courtesy of the artist and Rencontres photographiques du 10e
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
Pour cette édition 2025 des Rencontres photographiques du 10e, qui défie une nouvelle fois les attentes, les photographes mis·es en avant...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III