Tout près du port, à l’auditorium des Carmes, allez découvrir Wildside, d’Erwan Morère, une exposition à ne pas rater. Dans un noir et blanc qui confine parfois à l’abstraction, tout en restant dans les limites du photographique, ce jeune artiste de 30 ans nous convie à un voyage onirique en terre d’Islande, où il s’est rendu en 2009 et 2012. Et bien que vous ayez l’habitude de regarder les photos à travers un écran, dites-vous bien que ce que vous y verrez n’est qu’une pâle approximation comparée à l’émotion que suscite la présence de ces somptueux tirages.
On pourrait reprendre le même argument pour vous inciter à aller voir notre deuxième coup de cœur, Weather Man, d’Evgenia Arbugaeva. La lauréate de la bourse pro attribuée l’an dernier – 8 000 euros qui lui ont permis de réaliser son projet – a su capturer avec finesse et poésie l’univers de Slava Korotkiy, chef d’une station météo perdue sur la péninsule de la mer de Barents, en Arctique, au nord de la Norvège et de la Russie occidentale. La délicatesse des tirages retranscrit une gamme chromatique irréelle qui nous invite à un voyage fantastique, joliment servi par une scénographie intimiste participant au charme de cette exposition présentée dans la Maison des baies – lieu historique de la ville ouvrant ses portes au public pour la première fois.
Le Jardin des Bigotes est lui aussi un nouveau lieu proposé par le festival. Ce bel écrin sert le travail de Jérémie Jung qui expose pour la première fois Kihnu, l’île des mères veilleuses. Cette île estonienne du golfe de Riga a su conserver, grâce aux femmes, une culture qui lui a valu d’être classée par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité, en 2003. Un travail aussi sensible que documentaire, éclairé par de précieuses légendes.
Étonnante immersion
Les fidèles lecteurs de Fisheye seront heureux de retrouver sur la rive droite du port les photos de Chris Burkard sur les surfeurs. Pour la petite histoire, c’est bien dans votre revue préférée que les organisateurs du festival ont découvert ses images de surfeurs de l’extrême partis à la recherche de la vague parfaite autour de l’Arctique.
De l’autre côté, rive gauche, c’est le Delta du Mékong que vous explorerez à travers le regard de Laurent Weil. Ce reporter, qui a l’habitude des travaux d’investigation et des situations humaines difficiles comme les réfugiés climatiques, s’est intéressé ici au quotidien des bateliers. De très belles images aux cadrages rigoureux, qu’on aurait aimé détaillées par des légendes.
Il y a encore de belles choses à voir dans ce festival, comme l’étonnante immersion de Jean-Marie Ghislain qui, à 50 ans, a choisi de conjurer sa peur de l’eau en plongeant au milieu des requins pour en ramener des images surprenantes. Il y a aussi La Petite Ile de Stéphane Collin (image d’accueil) où on voit se déployer les sublimes lumières captées aux confins de l’archipel des Lofoten, au nord-ouest de la Norvège, sur des tirages un peu trop petits à notre goût.
Et puis si vous aviez encore du mal à vous décider, on pourrait vous raconter notre balade sur l’île d’Arz par grand beau temps (si, si !), la dégustation de kouign-amann, de caramels au beurre salé et de délicieuses galettes… mais on aurait l’impression de pousser le bouchon un peu loin et d’être carrément hors sujet. Pourtant, on peut vous assurer que les « friandises visuelles » ne sont pas les seules qu’on a pu déguster durant notre passage au festival Photo de mer, à Vannes.
Texte par: Eric Karsenty
Jusqu’au 3 mai
Tout le programme sur :
www.photodemer.fr
Image d’accueil: © Stéphane Collin