Maureen Drennan a grandi à New York et a pris l’habitude de photographier des communautés reculées. Jusqu’à ce que Paul, son mari, tombe dans une dépression en 2010. “J’ai toujours travaillé autour de la vulnérabilité mais j’étais une étrangère qui entrait dans la vie des gens. J’étais une outsider qui, grâce à de la confiance et du temps, devenait petit à petit l’une des leurs. Avec Paul, j’étais à ma place mais j’avais le sentiment d’être une outsider.”, a t-elle confié à Fisheye.
Sa série The Sea that surrounds us (en français, “la mer qui nous entoure”), témoigne de la lutte émotionnelle d’un couple. “Le titre de la série est tiré d’un poème de Pablo Neruda et évoque l’isolement et la sécurité que l’on peut expérimenter simultanément dans une relation.”
Face à la maladie, son intuition a été de prendre des photos, en veillant à ne pas isoler son mari davantage en mettant un objectif entre eux. “Je me sentais démunie face à Paul et j’essayais de comprendre son tourment intérieur. La photo m’a permis de garder un peu le contrôle de la situation.” Réflexion sur la distance avec son compagnon, les paysages de Maureen s’avèrent aussi être des auto-portraits.
Lorsqu’on lui demande si Paul était réticent quand elle lui a parlé de son projet, la réponse n’est pas celle qu’on attend. “Mon mari a vite accepté, alors qu’il n’aime pas vraiment être devant l’objectif. Je crois qu’il a vu que c’était important pour moi d’essayer de comprendre ce qui lui arrivait.”
Le projet, lui permettant d’observer les signes de la dépression, a été réparateur pour la photographe. “Là où les mots ne suffisaient plus, les images ont rempli les blancs.” Elle a achevé la série en 2015 et en a tiré un livre. Aujourd’hui, elle travaille sur des portraits de réfugiés syriens, après une résidence d’un mois aux Pays-Bas.
Propos recueillis par Hélène Rocco
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