La Saison photographique 2018 : danse à plusieurs

28 juin 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La Saison photographique 2018 : danse à plusieurs

« La citoyenneté, ça se cultive ! » Tel est le thème de la sixième saison photographique, exposée à l’Abbaye Royale de l’Épau. Dans ce lieu magnifique, onze photographes s’interrogent sur notre rapport à l’environnement, à la mémoire et à l’évolution de la société. Un programme à découvrir jusqu’au 4 novembre.

L’Abbaye Royale de l’Épau, monument à l’architecture cistercienne, fondée en 1229 accueille, depuis 2013, des expositions photographiques. Cette année, les différents artistes s’interrogent sur un thème commun : la citoyenneté. Enjeux philosophiques, idéologiques et environnementaux se répondent et interrogent le visiteur : Comment nos sociétés vont-elles évoluer ? Quelles sont leurs différences ? Au cœur des 13 hectares du parc, des clichés ornent le paysage, et présentent les univers de plusieurs artistes : Thomas Pesquet, Tim Franco, Guy Le Querrec, Daesung Lee, Marc Pouyet & Maité Milliéroux, Corentin Fohlen et Leila Alaoui. Voyages en terres inconnues et découvertes de cultures étrangères révèlent les multiples facettes du terme « citoyenneté », et éclairent des zones d’ombre du monde entier.

La danse, pour mieux rêver

À l’intérieur du bâtiment se trouvent les œuvres de trois photographes – Clément Szczuczynski, Gérard Uféras et Fredrik Lerneryd – réunis autour d’un thème fédérateur : la danse. Pour amateurs comme professionnels, ce sport est une passion, un moyen abstrait de dialoguer lorsque les mots manquent et un symbole d’espoir. En suivant le quotidien de différents danseurs, les photographes présentent des portraits touchants d’artistes en devenir.

Fredrik Lerneryd, jeune photojournaliste suédois vit à Nairobi depuis deux ans et demi. Là-bas, il découvre un bidonville appelé Kibera. Un lieu bercé par de multiples cultures, et à la mauvais réputation. En s’immergeant dans l’atmosphère du lieu, le photographe découvre Anno’s Africa, une association britannique proposant des activités diverses dans les écoles de Kibera. Parmi celles-ci, la danse. « Je me souviens de la première fois que j’ai vu ces enfants », confie Fredrik, « La cloche sonnait à peine qu’ils balayaient le sol, déplaçaient des bancs lourds, et s’habillaient de leur justaucorps de danse. Ils transformaient ce lieu sombre en une salle de danse ». Ces leçons attirent l’attention d’une école de danse, Dance Centre Kenya, et de sa directrice Cooper Rust, qui invite les jeunes élèves à participer à ses cours. « C’est un moyen pour eux de rêver à un avenir meilleur, de croire en eux », conclut Fredrik. Ses images dévoilent des lieux obscurs révélant les costumes aux couleurs vives et les visages déterminés des enfants du bidonville.

© Fredrik Lerneryd

© Fredrik Lerneryd

Dans les coulisses de l’opéra

À ses côtés, Gérard Uféras présente son travail, réalisé dans trois hauts lieux de la danse : le Ballet national de Paris, le Théâtre Bolchoï de Moscou, et La Scala à Milan. En 1988, alors qu’il est encore membre de l’agence Vu, le photographe commence une série autour de l’opéra. « Ça a percé quelque chose en moi, et j’ai travaillé pendant treize ans sur les grands opéras d’Europe », précise Gérard. Alors qu’il pense mettre ce pan de sa carrière derrière lui, une commande de l’Express l’aide à retrouver cet émoi de premières images, dans les coulisses des ballets. « C’est une merveille de travailler sur ce thème », ajoute l’artiste. « J’ai toujours eu une gourmandise particulière à travailler avec des gens qui étaient passionnés par ce qu’ils faisaient ». Et la passion est omniprésente dans l’exposition. Les corps en extension, capturés dans les airs, rappellent la force d’une discipline toujours plus exigeante. Mais les œuvres de Gérard Uféras subliment également la délicatesse. Dans les jeux d’ombre, dans le détail d’une main ou l’expression d’un regard, les danseurs dévoilent leur grâce et leur dévouement au photographe. « C’est finalement exactement la même chose que les jeunes danseurs de Fredrik », déclare, avec malice, le photographe. « Ce sont des enfants qui sont tombés dans le monde de la danse et qui ont tout fait pour poursuivre leur rêve ».

Par le biais de cette discipline, les œuvres des trois photographes abordent d’autres thématiques : l’espoir et la passion, mais aussi la douleur et la pauvreté. Un art au centre des questionnements citoyens.

© Gérard Uféras

© Gérard Uféras

© Gérard Uféras

© Fredrik Lerneryd

© Fredrik Lerneryd© Fredrik Lerneryd

© Fredrik Lerneryd

© Fredrik Lerneryd

© Clément Szczuczynski

© Clément Szczuczynski

© Deasung Lee

© Deasung Lee

© Deasung Lee

© Corentin Fohlen© Corentin Fohlen

© Corentin Fohlen

© Guy Lequerrec

© Guy Lequerrec

Image d’ouverture : © Fredrik Lerneryd

Explorez
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
© Ian Cheibub
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
C’est l’heure du récap ! Entre la parution d’un nouvel ouvrage, la sortie du numéro #74 et celle d’un épisode de Focus, la semaine a été...
09 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
© Chloé Azzopardi / Fisheye Gallery
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
Du 13 au 16 novembre 2025, les yeux des amateurs de photographie seront tournés vers Paris Photo. La foire internationale se tiendra de...
05 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
© Ana da Silva
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
Lycien-David Cséry et Ana da Silva, nos coups de cœur de la semaine, prêtent attention aux détails. Le premier observe les objets et les...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
Jennifer et Saba, de la série We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Les images de la semaine du 27 octobre 2025 : communautés et rétrospectives
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous vous parlons de différentes communautés, de sentiments amoureux et de rétrospectives...
02 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Une fable collective au cœur du béton, par Alexandre Silberman
© Alexandre Silberman, Nature
Une fable collective au cœur du béton, par Alexandre Silberman
Exposée à la galerie Madé, dans le cadre de PhotoSaintGermain, jusqu’au 30 novembre 2025, la série NATURE d'Alexandre Silberman...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Milena III
OPPO x Fisheye : les visions parisiennes d’Emma Birski et Marvin Bonheur 
© Emma Birski
OPPO x Fisheye : les visions parisiennes d’Emma Birski et Marvin Bonheur 
Les 17 et 18 novembre, la Fisheye Gallery accueille l’exposition Paris Non Stop, curaté par Ernicreative et Fisheye, née de la rencontre...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sandra Eleta, les visages du monde invisible
© Sandra Eleta
Sandra Eleta, les visages du monde invisible
À la Galerie Rouge, jusqu'au 6 décembre 2025, l’exposition de Sandra Eleta révèle un univers où la photographie dépasse le simple...
12 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
28 artistes à (re)découvrir à Paris Photo 2025
Liulitun, Beijing 2002 No.13 © RongRong & inri
28 artistes à (re)découvrir à Paris Photo 2025
La foire internationale Paris Photo investit le Grand Palais du 13 au 16 novembre 2025. Pour cette occasion, la rédaction de Fisheye vous...
11 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine