La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste

Il y a 1 heure   •  
Écrit par Lucie Donzelot
La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste
© axelle.cassini / Instagram

Langage du corps ou outil, le geste dit et produit. Il peut trahir comme démontrer, parfois même performer. Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine jouent de l’expressivité de nos mouvements et postures, documentent leur caractère pratique et leur capacité signifiante. Si nos gestes, même les plus instinctifs, s’inscrivent dans des traditions et correspondent à des codes, ils peuvent toutefois rompre avec eux et les interroger.

@axelle.cassini

L’acte même de se représenter apparaît comme un geste en tension pour Axelle Cassini, à l’image, dans sa séquence photographique en noir et blanc, tenant fermement le déclencheur de l’appareil dans son poing. Dans l’œuvre de le·a photographe, l’autoportrait devient une scène où l’identité est performée. Jouant avec les codes de la masculinité comme lorsqu’iel s’habille en marin tout en contractant fièrement son biceps, l’artiste démontre la construction à l’œuvre dans toute individualité. Mais iel propose de la déjouer et parvient à se réapproprier sa propre représentation, qui ne peut être, finalement, qu’en perpétuel mouvement.

Autoportrait en marin qui contracte ses biceps
© axelle.cassini / Instagram
Séquence de photographies dans laquelle une main serre fort un déclencheur d'appareil photo
© axelle.cassini / Instagram

@loes.deboer

Dans les autoportraits de Loes de Boer, le visage disparaît au profit du corps. Celui-ci revêt des allures de sculptures, le noir et blanc accentuant ses reliefs et ses ombres et soulignant les postures adoptées. Entre lâcher prise et contrainte, le corps photographié semble vouloir se libérer de toute case dans laquelle il pourrait être enfermé.

Un corps dans une posture contraignante, les bras appuyant une plaque transparente sur le ventre
© loes.deboer / Instagram
Une personne est avachie sur une chaise, la tête baissée, le corps lâchant prise
© loes.deboer / Instagram

@solacium.fotografia

Au sein de son univers d’une inquiétante douceur, Alessandro Manzotti met en scène des corps nus dans des espaces épurés. Au travers de leurs poses et de leurs gestes, ces êtres sans tête se métamorphosent et perdent leur statut de corps. En interaction avec le lieu, ils semblent se confondre avec lui, avec le flou de la délimitation appuyée par l’utilisation du noir et blanc. Leurs mouvements et contorsions, dénués de signification, transforment et déforment.

Un corps nu recroquevillé sur lui-même dans le fond d'un espace épuré e
© solacium.fotografia / Instagram
Gros plan sur une main et d'autres membres du corps entrelacés
© solacium.fotografia / Instagram

@lalie.t.m

Lalie Thébault Maviel recueille, collecte et rassemble des images issues d’ouvrages pour enfants, de manuels de cuisine, des réseaux sociaux comme d’archives audiovisuelles. À travers cette démarche qu’elle qualifie d’archéologique et d’anthropologique, l’artiste propose une anthologie de nos pratiques sociales et culturelles sous forme de livres. On découvre parmi l’un d’eux des images de mains, en gros plan, occupées à pétrir une pâte ou à égrener du blé, nos gestes quotidiens illustrant ainsi nos modes de vie et usages.

Mains tenant une boussole
© lalie.t.m / Instagram
Série de photographies où l'on voit une pâte de pain reposer et des mains pétrir la pâte
@ lalie.t.m / Instagram

@krystynabilak

Krystyna Bilak nous plonge dans un univers photographique où le familier rencontre l’étrange. On y découvre ses sujets, parmi lesquels l’artiste se cache, le visage dissimulé par des objets du quotidien ou curieusement vêtue, vient habiter de manière inattendue l’espace domestique. Dans sa série Welcome, elle interroge la notion de famille, biologique ou choisie, et les liens qui en unissent les membres. Pour son projet, elle intègre des foyers au sein desquels elle reconstitue avec les habitant·es de fausses scènes de vie familiale. L’intimité se révèle sur ses clichés au travers des corps, des gestes et des postures. Se mêle cependant à ces manifestations de détente et de quiétude un certain inconfort.

Une jeune femme est allongée par terre sur un tapis
© krystynabilak / Instagram
Deux jeunes femmes jouent dans un salon, l'une est allongée sur le sol les jambes tendues en l'air pour soulever le corps de la seconde.
© krystynabilak / Instagram
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