Langage du corps ou outil, le geste dit et produit. Il peut trahir comme démontrer, parfois même performer. Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine jouent de l’expressivité de nos mouvements et postures, documentent leur caractère pratique et leur capacité signifiante. Si nos gestes, même les plus instinctifs, s’inscrivent dans des traditions et correspondent à des codes, ils peuvent toutefois rompre avec eux et les interroger.
@axelle.cassini
L’acte même de se représenter apparaît comme un geste en tension pour Axelle Cassini, à l’image, dans sa séquence photographique en noir et blanc, tenant fermement le déclencheur de l’appareil dans son poing. Dans l’œuvre de le·a photographe, l’autoportrait devient une scène où l’identité est performée. Jouant avec les codes de la masculinité comme lorsqu’iel s’habille en marin tout en contractant fièrement son biceps, l’artiste démontre la construction à l’œuvre dans toute individualité. Mais iel propose de la déjouer et parvient à se réapproprier sa propre représentation, qui ne peut être, finalement, qu’en perpétuel mouvement.
@loes.deboer
Dans les autoportraits de Loes de Boer, le visage disparaît au profit du corps. Celui-ci revêt des allures de sculptures, le noir et blanc accentuant ses reliefs et ses ombres et soulignant les postures adoptées. Entre lâcher prise et contrainte, le corps photographié semble vouloir se libérer de toute case dans laquelle il pourrait être enfermé.
@solacium.fotografia
Au sein de son univers d’une inquiétante douceur, Alessandro Manzotti met en scène des corps nus dans des espaces épurés. Au travers de leurs poses et de leurs gestes, ces êtres sans tête se métamorphosent et perdent leur statut de corps. En interaction avec le lieu, ils semblent se confondre avec lui, avec le flou de la délimitation appuyée par l’utilisation du noir et blanc. Leurs mouvements et contorsions, dénués de signification, transforment et déforment.
@lalie.t.m
Lalie Thébault Maviel recueille, collecte et rassemble des images issues d’ouvrages pour enfants, de manuels de cuisine, des réseaux sociaux comme d’archives audiovisuelles. À travers cette démarche qu’elle qualifie d’archéologique et d’anthropologique, l’artiste propose une anthologie de nos pratiques sociales et culturelles sous forme de livres. On découvre parmi l’un d’eux des images de mains, en gros plan, occupées à pétrir une pâte ou à égrener du blé, nos gestes quotidiens illustrant ainsi nos modes de vie et usages.
@krystynabilak
Krystyna Bilak nous plonge dans un univers photographique où le familier rencontre l’étrange. On y découvre ses sujets, parmi lesquels l’artiste se cache, le visage dissimulé par des objets du quotidien ou curieusement vêtue, vient habiter de manière inattendue l’espace domestique. Dans sa série Welcome, elle interroge la notion de famille, biologique ou choisie, et les liens qui en unissent les membres. Pour son projet, elle intègre des foyers au sein desquels elle reconstitue avec les habitant·es de fausses scènes de vie familiale. L’intimité se révèle sur ses clichés au travers des corps, des gestes et des postures. Se mêle cependant à ces manifestations de détente et de quiétude un certain inconfort.