À l’occasion du 70e anniversaire de l’agence Magnum sort un très bel ouvrage, qui fait écho à une exposition du BAL présentée jusqu’au 27 août prochain. Brigitte Patient leur a consacré toute une émission, passionnante, que vous pouvez réécouter ci-dessous.
“Dans quelques mois, Magnum aura cinq ans. Rétrospectivement, il est parfaitement clair que selon toutes les lois de la raison et du marché, ce projet n’aurait jamais dû voir le jour., ou du moins il aurait dû péricliter il y a belle lurette. L’idée de départ – que cinq photographes, à peine professionnels en termes de revenus, puissent s’associer pour diffuser leur travail, produit moins en fonction des préférences et des attentes des magazines que selon leurs propres souhaits – étaient assurément chimérique, invraisemblable et sans espoir de profit.
On s’est lancés. Nos bureaux et nos frais ont crû bien plus vite que le nombre de nos membres. À certains moments, on s’est retrouvés avec davantage de gens dans nos bureaux que de photographes sur le terrain. Je ne vais pas refaire tout l’historique de l’organisation et rappeler chaque miracle et chaque déception; je ne reviens là-dessus que dans la mesure où, après quatre ans et demi d’aventure, la sauce a pris.”
Extrait de l’ouvrage Magnum Manifeste, éd. Actes Sud, juin 2017, 416 pages, 49 euros.
© Alex Webb / Magnum Photos
Comment Magnum est-elle devenue Magnum ?
Cette lettre de Robert Capa, datée de 1952, aux actionnaires de Magnum, nous rappelle qu’à l’origine de la prestigieuse agence, il y a un pari fou. L’audace d’une bande photographes passionnés, ambitieux, épris de liberté. Celle de créer et de disposer de leurs images comme bon leur semble. En 1952, Magnum n’avait que cinq ans. Aujourd’hui, elle en a 70. Comment Magnum est-elle devenu Magnum ? C’est tout le propos de Magnum Manifeste (éd. Actes Sud), un gros et bel ouvrage conçu sous la direction de Clément Chéroux, en collaboration avec l’historienne de l’art Clara Bouveresse. “On connaît beaucoup les grandes aventures de ses photographes et les débuts de cette agence, mais on ne savait pas grand chose sur son fonctionnement et son évolution“, explique-t-elle au micro de Brigitte Patient, le 4 juin dernier. Magnum Manifeste était indispensable. De même que l’exposition qui se déroule en ce moment au BAL, Magnum Analog Recovery, qui présente une sélection d’images tirées d’un fonds photographiques très riche. On y trouve “quelques icônes, choisies au milieu de beaucoup d’autres, y côtoient une matière brute plus rare : des pépites peu ou jamais publiées, parfois oubliées des photographes eux-mêmes“, explique Diane Dufour, directrice du BAL. Cette exposition, le livre, et l’émission de Brigitte Patient nous plongent dans la réalité d’une grande institution de la photographie.
© Leonard Freed / Magnum Photos