L’amour et l’amitié, sur la route !

16 décembre 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
L’amour et l’amitié, sur la route !

Une bande de copains, des paysages idylliques, une réflexion sur le rêve américain… Et tout cela en 20 minutes. Nevada, un court-métrage entre autres réalisé par Thibault Lévêque, Théo Gosselin, et Lucas Hauchard apparaît comme le remède idéal pour assouvir vos envies de voyage.

« Nevada, c’est l’histoire d’un gars peu fiable et en grande détresse affective qui appelle deux de ses amis à le rejoindre aux USA, sous prétexte de rénovations de motels. Un faux plan. Car sur place, les galères s’enchaînent. S’amorce alors un voyage initiatique autour de l’amitié, l’amour, la confiance, et la réconciliation », introduit Thibault Lévêque, scénariste et comédien du court-métrage Nevada diffusé dimanche dernier sur le net, Covid-19 oblige. Nevada raconte aussi l’histoire d’une bande de copains originaires de Normandie : Thibault Lévêque donc, Théo Gosselin, et Lucas Hauchard. « Depuis presque toujours, faire des images ensemble est un prétexte à l’aventure, confie Lucas, à la direction du montage. Et cela faisait bien trop longtemps que nous n’avions pas voyagé ensemble ». Très vite, d’autres amis de confiance rejoignent le projet : Matthieu Brochec, Victor Mieusement, Emmanuel Vivenot, Emmanuel Rosario, et Jérémy Huet.

Une campagne de financement participative et près de 2000 kilomètres plus tard, la bande de potes arpente l’État américain, « avec les moyens du bord, et un budget très serré », confie Thibault Lévêque. Avec eux, le spectateur se téléporte sur la terre de toutes les bêtises, et d’un American dream déchu. « À part Las Vegas, cette région est peu touristique. Légalisation du cannabis, prostitutions, casino, c’est aussi au Nevada que l’on peut découvrir la zone 51 (territoire où se trouve une base militaire dite secrète, et où émergent depuis 1989 des théories d’OVNI). Nous y avons rencontré un désert à 1800 mètres d’altitude, une nature sévère, et des gens sans filtre, bruts de décoffrage. Là-bas, le secret y côtoie l’abolition », commente Emmanuel Vivenot. C’est surtout à Ely, qu’ils posent leurs sacs et tournent la majorité des scènes du film. « Ancienne ville minière, Ely se résume aujourd’hui à son avenue principale jonchée de motels, sa station essence, son diner, son casino, et un bar de strip-tease. Une ville presque fantôme pour nous seuls –  soit le décor parfait », ajoute Lucas Hauchard.

© Emmanuel Rosario

© Emmanuel Rosario

Une déclaration d’amour à l’amitié

Rêve déchu vers une Amérique fantasmée, le voyage comme expérience indispensable pour atteindre le bonheur et la liberté, Nevada, est aussi une déclaration d’amour à l’amitié. Devant, comme derrière la caméra, tous se connaissant par cœur. Les initiateurs du projet comme les deux personnages principaux tissent un lien d’amitié fusionnel, un critère indispensable. « Ensemble, ils peuvent tout faire – c’est parfait pour interpréter des scènes d’intimité par exemple », précise Lucas Hauchard au sujet de Matthieu et Victor. S’il y a eu des hauts et bas durant ce périple – Victor pointe notamment le froid – les moments de rires se sont succédés, et la reconnaissance mutuelle est palpable. « J’ai de la chance d’avoir des copains aussi doués et d’avoir pu construire avec eux une œuvre où tous leurs talents se complètent, sur les plans cinématographiques comme musicaux. Nous avons la chance d’être indépendants et libres de ne composer qu’avec ceux que l’on aime. Un accord qui claque sonne différemment quand il est produit par un être aimé », confie Lucas Hauchard.

S’il émane une forme de poésie et de douceur dans ce court-métrage, la violence est latente. C’est Lucas, le vidéaste de la bande qui parvient à mettre les mots sur cette ambivalence : « au fond, on est tous les meilleurs, et les pires de nous-mêmes. Mais il ne faut jamais sombrer, et se laisser envahir par notre part obscure. Car il est difficile d’être heureux, bien plus encore que de céder aux idées noires. Il ne faut jamais perdre de vue la lumière. Pardonnons et soyons bons avec les autres, c’est un peu comme tendre la main pour aider le voyageur inconnu à monter à l’arrière du camion. Dans le film, la seule femme conduit les âmes perdues vers le large horizon ». Mise en abîme du projet lui-même – évidemment, rien ne s’est passé comme prévu une fois sur place–, la team nous livre avec sincérité un instant de leur quotidien. Et quand apparaît le générique, une folle envie de se replonger dans les écrits de Kerouac nous prend.

 

 

 

© Emmanuel Vivenot

© Emmanuel Vivenot

© Emmanuel Vivenot

© Thibault Lévêque© Thibault Lévêque
© Thibault Lévêque© Thibault Lévêque

© Thibault Lévêque

© Victor Mieusement

© Victor Mieusement

© Emmanuel Rosario

© Emmanuel Rosario

© Emmanuel Vivenot

© Emmanuel Vivenot

© Théo Gosselin© Théo Gosselin© Théo Gosselin

© Théo Gosselin

Image d’ouverture © Emmanuel Vivenot

Explorez
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d'images
© Agathe Baur / Instagram
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d’images
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des récits de genre, de sexualité, de figures...
29 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
19 livres photo pour célébrer le mois des fiertés
© Manbo Key.
19 livres photo pour célébrer le mois des fiertés
À l'occasion du mois des Fiertés, nous avons sélectionné une série d’ouvrages photographiques consacrés à la communauté LGBTQIA+....
27 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
© Nicolas Serve
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
À l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles 2025, la Galerie Triangle revient avec GÉNÉRATION, un événement dense et...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Costanza Spina
L'été photographique de Lectoure : rassembler par l'image
Parce que. Ici., 2021-2025 © Anne Desplantez & les enfants du Sarthé
L’été photographique de Lectoure : rassembler par l’image
« Ensemble », l’édition 2025 de L’été photographique de Lectoure, met à l'honneur le collectif. Du 12 juillet au 21 septembre 2025, la...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet