
Publié chez Saetta Books, Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor de Laura Lafon Cadilhac révèle un été interminable. L’ouvrage se veut comme un recueil de poèmes visuels qui, en seconde lecture, alerte sur la disparition progressive, mais certaine, de la faune et la flore.
Quand elle ne travaille pas pour des projets spécifiques ou pour des commandes, Laura Lafon Cadilhac photographie ses ami·es, ses amours, et les paysages du sud de la France. L’Ardèche, les Alpes-Maritimes ou le Var… Elle précise : « Je me rends compte que je photographie beaucoup l’été, lorsqu’il fait chaud et que la lumière est forte. » Ces images, qu’elle considère comme de « temps libre », composent le livre Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor publié par Saetta Books. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la maison d’édition, cet ouvrage nous plonge dans un été ardent qui n’en finit pas. La balade visuelle alterne entre des mots sur fond rouge et des clichés granuleux de forêt vermeille, de roses sanglantes et de visages quelque peu sérieux. « Je chine beaucoup de pellicules périmées, confie Laura Lafon Cadilhac, d’une part parce que c’est moins cher, mais surtout, car cela me permet de lâcher prise. Il y a une part de mystère dans les accidents et la chimie. » Si bien que si le titre du livre annonce la couleur rouge, ce sont bien les roses et les verts qui dominent – surprise au moment du développement des films.


Dépossédée
Au fil des pages, le soleil de juillet et d’août se déploie. On se baigne à la rivière, on pique-nique parmi les abeilles, on vit dans des maisons de pierres, les fenêtres grandes ouvertes. « C’est très onirique, on sent l’été, on sent le plaisir », ajoute Laura Lafon Cadilhac. Pourtant, au cœur de ce bonheur estival sommeille une inquiétude palpable. Observe-t-on une promenade faite avec des pellicules expirées ou bien des paysages incendiés ? « Je me demande souvent quand tombera la météorite de l’apocalypse qu’on fantasme depuis si longtemps. Mais j’ai réalisé que cela n’arrivera pas d’un coup, qu’on est en plein dedans et que tout est très lent », remarque-t-elle. Face à l’effondrement de la nature, la photographe se sent impuissante, « dépossédée de [s]es pouvoirs », tout en restant consciente des privilèges qu’elle a – pouvoir partir en vacances, à la rivière, en Ardèche. Dans les poèmes qu’elle glisse dans son ouvrage, elle interpelle : « Notre impuissance : savoir notre chute et continuer à danser. » Les terres sont englouties sous les tsunamis et les tempêtes, elles brûlent, elles sèchent. La peur se lit sur les visages. « Alors, mi amor, le rouge s’efface. Juste pour un instant. Mais demain, que te faudra-t-il de plus, quand tu regarderas le monde, pour t’indigner avec moi ? », interroge Laura Lafon Cadilhac.







48 pages
22 €