Des hommes et des femmes nus, d’âges, de sexualité et de couleur de peau différents, posent en s’embrassant. Ces beaux portraits réalisés par Thibault Stipal sont exposés depuis le 10 juillet dans le parc de Royan, en Charente-Maritime. Mais le 3 août dernier, ces tirages sur toile en grand format sont vandalisés au cutter. Une censure extrêmement violente, à laquelle s’était préparé le photographe, comme il l’expliquait au site Royan-actu.com. Cela faisait un mois que cette exposition gratuite et en plein air faisait débat au sein de la commune.
Depuis, les plaies cicatrisent: la ville de Royan, avec l’accord de Thibault, a fait appel à une couturière pour recoudre les toiles déchirées. Ce dernier a d’ailleurs accepté de répondre à nos questions, et de partager avec nous les images de sa série “Le Baiser”, qu’il est toujours possible d’apprécier à Royan et ce jusqu’au 31 août prochain.
Fisheye: Racontes-nous comment est née “Le Baiser” ?
Thibault Stipal: Ce projet est né d’une histoire d’amour. J’étais amoureux d’une jeune femme… D’ailleurs c’est elle qui a écrit le magnifique texte d’introduction du projet [ndlr: à lire voir sur le site de Thibault ou à l’entrée de l’exposition] et j’ai eu envie de partager ce sentiment si fort. Je me suis dis qu’en période de crise les gens avaient besoin d’amour.
Qu’as-tu voulu exprimer à travers ces images ?
“Le Baiser” est un hymne à l’amour.
Comment est né le projet d’une exposition en plein air ?
Je voulais investir l’espace public pour que cela touche tout le monde, et pas seulement les habitués des musées ou des galeries. Je voulais qu’on puisse tomber par hasard sur l’exposition, juste en se promenant.
Quelles étaient vos attentes concernant ce projet ? C’était votre première exposition de ce genre ?
C’était la première fois que j’exposais ce travail. Mes attentes consistaient juste à véhiculer un message d’amour.
Qu’est-ce que tu as ressenti en apprenant que “Le Baiser” avait été vandalisée ?
J’ai d’abord été attristé et puis je me suis dis que l’exposition était au final une réussite ! Certaines personnes ont laissé des mots d’amour sur les photos, d’autres les ont attaqués au cutter : les gens ont réagi, ils ont été bousculés, c’est à cela que sert l’art.
Ce saccage est une forme de censure très violente, comment a-t-il été géré sur place ? Quel soutien as-tu reçu ?
Je suis soutenu par mes partenaires, par la mairie de Royan, M. le Maire et ses élus, ainsi que par le service culturel. Nous réfléchissons à la suite, à une réaction pacifique bien sûr, mais je n’accepterai pas qu’on ne fasse rien car ce serait ressenti comme une victoire par les personnes qui ont agi de manière si stupide. D’autre part, cela fait de la publicité à mon exposition, les réactions du public suite à ce saccage sont finalement très positives ! Les vandales ont vraiment raté leur coup: en voulant détruire cette exposition, ils l’ont rendue plus forte !
Vous exposeriez à nouveau ainsi vos travaux ? Gratuitement et en plein air ?
Bien sûr, et plutôt deux fois qu’une !
Y aura-t-il une autre exposition pour “Le Baiser” ?
Le projet est en cours dans une capitale européenne.
La photographie a-t-elle sa place dans la rue ?
Absolument. D’ailleurs la photo vient de la rue: quiconque veut faire de la photo commence par choisir la rue comme sujet. L’espace public est naturellement à la portée de toute le monde et c’est une très belle source d’inspiration. Alors selon moi, c’est logique que la photographie y soit montrée. C’est un bel hommage je trouve.
En (sa)voir plus
→ L’ensemble de la série est à retrouver sur le site de Thibault: www.thibaultstipal.com
→ Rendez-vous au parc de Royan, où “Le Baiser” est exposée jusqu’au 31 août.
→ Rendez-vous sur la page Facebook de Thibault.