Climat et transition écologique, diversité des sociétés, démocratie et mondialisation équitable… tels sont les trois thèmes de la saison France-Brésil à découvrir dans les expositions de photographie, notamment aux Rencontres d’Arles. Petit tour d’horizon. Cet article, signé Carole Coen, est à retrouver dans Fisheye #72.
Qui mieux que lui pour incarner la saison France-Brésil ? Cruelle coïncidence, alors que celle-ci venait à peine de commencer, le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado nous quittait à 81 ans. Il nous laisse ses images, puissantes, de la beauté et de la fureur du monde, de ses miracles et de ses tragédies. Comme un hommage anticipé, la rétrospective des Franciscaines à Deauville avait présenté des photographies issues de la collection de la Maison européenne de la photographie (MEP). Elles balayaient cinquante ans de carrière, des premiers reportages en Afrique (1984-1985) au projet Genesis (2004-2012). Sebastião Salgado devait être présent au Jardin d’agronomie tropicale René-Dumont à Nogent-sur-Marne, à l’occasion de l’exposition Coexistencia organisée dans le cadre de France-Brésil : trois regards sur l’Amazonie – le sien, celui de Frans Kracjberg (1921- 2017), et celui de Rodrigo Braga (né en 1976) – pour déployer la beauté mutilée par l’homme de cet immense réservoir de la biodiversité. En écho s’est tenue en juin l’exposition de sortie de résidence des artistes brésiliens Fabiana Ex-Souza et Felipe Shibuya. La première, lauréate du prix COAL 2023 (prix spécial du jury), explore le monde végétal sous le prisme de la résine. Le second lie végétal et colonialisme.
Le Brésil à l’honneur aux Rencontres d’Arles
Aux Rencontres d’Arles, dont la 56e e édition s’ouvre le 7 juillet, plusieurs expositions célèbrent la complexité, la diversité et les problématiques du plus grand État de l’Amérique latine. La première, À la place des autres, consacrée à Claudia Andujar, photographe connue pour son travail sur les Yanomami d’Amazonie, que Sebastião Salgado photographia bien des années plus tard. Mais c’est le regard de l’artiste militante sur le Brésil des années 1960-70, rarement présenté dans son ensemble, qui est ici mis à l’honneur. L’exposition retrace les fondements de sa pratique et de sa vision à travers plusieurs séries : Familles brésiliennes (1962-1964), la photographie de rue avec Rua Direita (vers 1970), le projet expérimental A Sônia (1971) et sa collaboration avant-gardiste au magazine Realidade (1966-1971).
Retratistas do Morro (Portraitistes de la colline) montre un autre pan de la réalité quotidienne et populaire du Brésil à la fin du 20e siècle. Issue du projet du même nom porté par Guilherme Cunha depuis 2015, l’exposition présente le travail de deux grands photographes, João Mendes et Afonso Pimenta, qui ont participé au vaste mouvement artistique né dans les années 60, visant à documenter les favelas par ceux qui y vivaient et y travaillaient. Au rythme de toutes les nuances de couleur de peau défilent visages, moments en famille, scènes drôles ou émouvantes pour nous proposer une vision à postériori de la diversité,
de la jeunesse et de la vitalité de ce monde où la musique est omniprésente.
Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Fisheye #72.