Le coup de cœur de Matthieu David : Robin Lopvet !

12 août 2021   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Le coup de cœur de Matthieu David : Robin Lopvet !

Nouvelle formule, nouvelles habitudes. Les membres de l’équipe de Fisheye vous font part de leur plus belle découverte. Dans le dernier numéro, notre ex-directeur artistique Matthieu David nous a présenté le virtuose Robin Lopvet !

Robin débute sa propre biographie en empruntant à Lavoisier la célèbre maxime : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » En parcourant son travail, la règle semble s’appliquer aussi bien aux atomes qu’aux pixels. Si le Vosgien a reçu une éducation classique à l’ENSP d’Arles, il se consacre après ses études à une démarche artistique qu’il qualifie de « bricolage ». Pour lui, le collage est la seule forme de création. Le photographe sculpte la masse informe du réel, et Robin sculpte la matière encore plus monstrueuse issue de la toile. Là, l’objet visuel ne semble avoir plus aucune importance, si ce n’est celle de l’utilité de son réemploi. Sous le règne du mème, les images se mangent entre elles, s’autoréférencent, s’hybrident et mutent.

Pour le curateur comme pour l’usager lambda, il devient alors difficile de déterminer si ce qu’on voit sur les réseaux est le fruit du hasard heureux d’un bidouilleur, d’un influenceur inspiré. Peut-être cachent-elles la démarche sincère d’un artiste qui trace sa route ? Les réseaux sociaux, Instagram en tête, ont cet effet pervers de tout mettre au même plan, de tout sortir de son contexte. Il devient tout simplement impossible de déterminer ce qui tient de l’art. Et ça, Robin le sait, et joue de cette dialectique à la perfection. Lui, cet artisan qui parle le langage du montage à la truelle, rafistole les matériaux de seconde main avec cynisme et humour, et embrasse l’esthétique du mème à bras-le-corps. Mais veut-il seulement qu’on le considère comme un artiste ? Il se fond dans la masse pour toucher son auditoire au cœur, car il sait très bien ce qu’il veut nous raconter et qui il est. Il n’a juste pas besoin de nous le prouver. La constance de sa démarche s’en occupe pour lui.

Cette image (voir ci-dessous) aurait pu être avalée dans le grand tout… Et pourtant elle me tape dans l’œil au premier regard, elle me fait rire. Elle ne cherche pas à défendre le statut de son auteur. Je pourrais vous parler d’un regard réflexif sur une histoire française du nucléaire, je pourrais argumenter un engagement écologique ou gloser sur une vision critique de l’anthropocène. Mais la simple analogie des bouclettes d’un bichon frisé et des volutes d’un champignon nucléaire suffit à me faire sourire. Ce que cette image m’inspire, c’est la jubilation de son créateur.

Robin est un artiste, un vrai, qui a compris que si tout le monde pouvait tout créer, alors lui aussi n’avait qu’à s’y mettre. Avec rigueur. Car finalement, l’important n’est pas de faire n’importe quoi, mais de le faire bien !

© Robin Lopvet

© Robin Lopvet© Robin Lopvet

© Robin Lopvet

© Robin Lopvet

Explorez
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau, nos coups de cœur de la semaine, dévoilent un cabinet de curiosités constitué de souvenirs et de...
11 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
© Antoine De Winter Courtesy Hangar Gallery
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
Du 7 au 10 novembre 2024, le Salon Approche présente sa 8e édition. Au 40 rue de Richelieu, à Paris, quinze expositions personnelles...
07 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Paris Photo 2024 : Capitale en ébullition
© Claudia Andujar
Paris Photo 2024 : Capitale en ébullition
Rendez-vous incontournable de la scène photographique internationale, Paris Photo fait son retour au Grand Palais du 7 au 10 novembre....
07 novembre 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nothing Artificial : la Fisheye Gallery au-delà de ses murs
© Delphine Diallo
Nothing Artificial : la Fisheye Gallery au-delà de ses murs
À l’occasion de Paris Photo, la galerie parisienne de Fisheye amorce son nouveau positionnement en présentant, du 6 au 10...
05 novembre 2024   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La nature infestée de Claudia Fuggetti
Metamorphosis © Claudia Fuggetti
La nature infestée de Claudia Fuggetti
Dans Metamorphosis, Claudia Fuggetti compose les interférences artificielles qui existent entre le monde humain et la nature. Sa...
13 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Sabatina Leccia et Clara Chichin : au cœur de la ville, un jardin à préserver
© Clara Chichin et Sabatina Leccia / Lucie Pastureau
Sabatina Leccia et Clara Chichin : au cœur de la ville, un jardin à préserver
Jusqu’au 25 janvier 2025, les œuvres de Sabatina Leccia et Clara Chichin se dévoilent sur les cimaises de la Galerie XII. Intitulée Le...
13 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
My Book de Sofiya Loriashvili : fragments d’une jeunesse tourmentée
© Sofiya Loriashvili
My Book de Sofiya Loriashvili : fragments d’une jeunesse tourmentée
Dans le cadre de la publication d’un ouvrage sobrement intitulé My Book, Sofiya Loriashvili a lancé une campagne de financement...
13 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Apiary : Robin Friend et la fête qui célébrait une tentative d'insurrection
© Robin Friend
Apiary : Robin Friend et la fête qui célébrait une tentative d’insurrection
Dans son second livre, Apiary, Robin Friend poursuit son exploration des étrangetés de la culture britannique. En photographiant les...
12 novembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas