Nouvelle formule, nouvelles habitudes. Les membres de l’équipe de Fisheye vous font part de leur plus belle découverte. Dans le dernier numéro, notre ex-directeur artistique Matthieu David nous a présenté le virtuose Robin Lopvet !
Robin débute sa propre biographie en empruntant à Lavoisier la célèbre maxime : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » En parcourant son travail, la règle semble s’appliquer aussi bien aux atomes qu’aux pixels. Si le Vosgien a reçu une éducation classique à l’ENSP d’Arles, il se consacre après ses études à une démarche artistique qu’il qualifie de « bricolage ». Pour lui, le collage est la seule forme de création. Le photographe sculpte la masse informe du réel, et Robin sculpte la matière encore plus monstrueuse issue de la toile. Là, l’objet visuel ne semble avoir plus aucune importance, si ce n’est celle de l’utilité de son réemploi. Sous le règne du mème, les images se mangent entre elles, s’autoréférencent, s’hybrident et mutent.
Pour le curateur comme pour l’usager lambda, il devient alors difficile de déterminer si ce qu’on voit sur les réseaux est le fruit du hasard heureux d’un bidouilleur, d’un influenceur inspiré. Peut-être cachent-elles la démarche sincère d’un artiste qui trace sa route ? Les réseaux sociaux, Instagram en tête, ont cet effet pervers de tout mettre au même plan, de tout sortir de son contexte. Il devient tout simplement impossible de déterminer ce qui tient de l’art. Et ça, Robin le sait, et joue de cette dialectique à la perfection. Lui, cet artisan qui parle le langage du montage à la truelle, rafistole les matériaux de seconde main avec cynisme et humour, et embrasse l’esthétique du mème à bras-le-corps. Mais veut-il seulement qu’on le considère comme un artiste ? Il se fond dans la masse pour toucher son auditoire au cœur, car il sait très bien ce qu’il veut nous raconter et qui il est. Il n’a juste pas besoin de nous le prouver. La constance de sa démarche s’en occupe pour lui.
Cette image (voir ci-dessous) aurait pu être avalée dans le grand tout… Et pourtant elle me tape dans l’œil au premier regard, elle me fait rire. Elle ne cherche pas à défendre le statut de son auteur. Je pourrais vous parler d’un regard réflexif sur une histoire française du nucléaire, je pourrais argumenter un engagement écologique ou gloser sur une vision critique de l’anthropocène. Mais la simple analogie des bouclettes d’un bichon frisé et des volutes d’un champignon nucléaire suffit à me faire sourire. Ce que cette image m’inspire, c’est la jubilation de son créateur.
Robin est un artiste, un vrai, qui a compris que si tout le monde pouvait tout créer, alors lui aussi n’avait qu’à s’y mettre. Avec rigueur. Car finalement, l’important n’est pas de faire n’importe quoi, mais de le faire bien !
© Robin Lopvet