Le sud de la France sait mettre l’image à l’honneur. Aux confins de Marseille, un lieu propose des formations et accueille des artistes en résidence prolongée. On a poussé la porte du Garage Photographie. Cet article fait partie de notre dernier numéro.
Sur la route qui nous mène au Garage Photographie, on peine à croire que l’on va visiter un espace dédié à l’image. À mi-chemin entre les calanques de Sormiou et de Morgiou, l’endroit dévoile une façade qui nous ôte les derniers doutes : nous sommes bien arrivés devant le Garage Photographie. William Guidarini nous reçoit dans cette jolie maison du quartier des Baumettes, à Marseille. Premier passage par le sas d’entrée, « la mémoire du lieu », souligne William, où photographies et livres se côtoient et annoncent la couleur. Ici, tout tourne autour de l’image, pour le plus grand bonheur des photographes, amateurs ou confirmés.
William Guidarini n’a pas toujours été photographe. Le Marseillais a commencé la photo au début des années 2000, après une première expérience dans la formation et le management. En 2010, il crée le Garage Photographie, avec l’idée de mettre en synergie cette double compétence et de développer un lieu dédié à l’image, dont la formation serait cœur du système. Passant par le salon et la cuisine, William nous montre la chambre qui accueille les photographes. « Ici, c’est un lieu de vie, explique-t-il, dès le départ je souhaitais faire du Garage un lieu de résidence pour les photographes. » Pas n’importe quel type de résidence, le formateur photographe se considère plutôt comme un marathonien que comme un sprinter. « On a la chance d’être aux confins de la ville, assure-t-il, on est à Marseille sans l’être, comme un lieu de retraite. » Des résidences longues, donc, sur deux ou trois ans, durant lesquelles l’artiste va et vient à sa guise. Didier Ben Loulou, photographe et ancien résident, est venu cinq ou six fois à Marseille entre 2012 et 2013, nous confie William : « Cela permet au photographe de vraiment prendre la mesure de la ville, de s’immerger dans le territoire sur le long terme. » Les résidences s’achèvent par une exposition (sous le commissariat de Laura Serani) et l’édition d’un livre (en coédition avec Arnaud Bizalion Éditeur). Précédemment exposés sur les murs du Garage Photographie, c’est désormais à la Friche La Belle de Mai – autre lieu emblématique de la culture marseillaise – que sont accueillis les travaux réalisés en résidence. En ce moment, le photographe Klavdij Sluban a posé ses valises au Garage, pour finaliser un ambitieux projet réalisé en Amérique centrale. La publication du livre est prévue pour 2018.
Trouver son univers
Mais les murs du Garage ne sont pas déserts pour autant, la maison expose les travaux produits lors de certaines formations. Faire vivre le Garage n’est pas si facile, et les stages représentent le pilier de l’économie de William. Ce dernier les a développés selon deux axes : les stages de base en une demi-journée, et les formations à l’année. « Les stages courts assurent un modèle économique fiable, confirme le photographe. Ils s’adressent à des amateurs qui souhaitent mieux connaître leur appareil ou travailler une technique photo particulière. » Les formations longues courent d’octobre à juin et proposent de développer une démarche d’auteur, tout en bénéficiant des avantages du collectif. Les stagiaires sont invités à échanger leurs expériences, à se nourrir des sensibilités du groupe et, pourquoi pas, à profiter de la présence du photographe en résidence qu’ils croiseront au cours de l’année. Les formations évoluent avec le temps et avec les retours des stagiaires. « Je reçois tout à l’heure une des photographes de mes formations, mon phare, s’amuse William. Je me retrouve beaucoup en elle, car je n’ai pas suivi de formation photo traditionnelle. Elle a commencé avec des stages courts, puis a enchaîné par les formations longues. J’ai plus ou moins fait évoluer les modules du Garage en fonction de sa progression. »
© Marie Abeille