Du 4 juillet au 21 août, Le voile interposé – une exposition immersive signée Fisheye – se posera au Couvent Saint-Césaire, à Arles. L’occasion de découvrir les œuvres d’artistes repoussant, grâce à la technologie, les frontières du réel.
« Avec l’explosion médiatique des termes métavers et NFT, il nous est apparu évident qu’il fallait questionner ces notions et leur rapport au réel »,
déclare Benoît Baume, directeur de Fisheye et commissaire de l’exposition Le voile interposé. Depuis 2016, l’art immersif s’invite au Couvent Saint-Césaire, et repousse les limites de l’imaginaire et du faisable. Cette année, c’est notre capacité à distinguer le vrai du faux qui est mise à l’épreuve au cœur de l’événement. Alors que les technologies ne cessent d’évoluer, nous poussant à aiguiser notre regard, à nous interroger pour ne pas être berné·es, Le voile interposé joue de ces frontières. Inspiré par une citation de François-René de Chateaubriand : « Le temps est un voile interposé entre nous et Dieu, comme notre paupière entre notre œil et la lumière », le titre fait également référence aux thématiques chères à la science-fiction – l’existence d’un univers alternatif, ou d’une réalité simulée par exemple.
Plonger dans des espaces ambigus
Réunissant les œuvres de d’artistes habitué·es à naviguer ces mondes instables, l’exposition nous plonge dans des espaces ambigus, où le tangible et l’imaginaire fusionnent. Comme à son habitude, Joan Fontcuberta imagine un récit mêlant humour et engagement. Fasciné par la valeur narrative de l’image, et sa relation complexe à la vérité, il prend exemple sur les deepfakes pour transformer les visages de politiciens accusés d’agressions sexuelles. En plein discours, leurs traits se déforment, pour exprimer une jouissance des plus gênantes. Le trio d’artistes Obvious s’associe quant à lui au photographe Stas Bartnikas pour générer des images de paysages oniriques. De ces terres lointaines, on ignore tout, même leur existence. Une manière pour ces créateurs de remettre en question les preuves qu’apporte au monde la photographie. Tout aussi contemplatif, le travail du duo Pussykrew se concentre sur les espaces entre les domaines numérique et physique. Dans The bliss of metamorphing collapse, ils imaginent un monde post-humain affranchi des systèmes binaires et des normes traditionnelles. Autant d’univers futuristes à venir découvrir au Couvent Saint-Césaire du 4 juillet au 21 août.
© Pussykrew
© Obvious
© Joan Fontcuberta
Image d’ouverture : © Joan Fontcuberta