L’équipe de Fisheye partage ses coups de coeur : Olivier de Saint-Hilaire

31 décembre 2021   •  
Écrit par Fisheye Magazine
L’équipe de Fisheye partage ses coups de coeur : Olivier de Saint-Hilaire

Découverte récente, coup de foudre artistique, ou même artiste phare… Dans chaque numéro, différents membres de l’équipe Fisheye prennent la parole et partagent leur obsession photographique du moment. Lumière aujourd’hui sur Olivier Saint-Hilaire, choisi par Alexandre Mouawad, secrétaire de rédaction.

C’est un trou de verdure où se cachent des ordures. Tapie à 30 kilomètres au nord-est de Verdun, cette clairière semble un havre de paix. Elle est, tout compte fait, un havre de guerre. Ici même, sur la place à gaz de la forêt domaniale de Spincourt, il y a presque cent ans, en 1928, quelque 200 000 obus toxiques, rebuts de la trop Grande Guerre, ont été brûlés en toute discrétion pour qu’on en récupère le métal. Depuis, rien n’a eu la chance de pousser sur ce sol contenant 17 % d’arsenic sur 40 cm d’épaisseur. Des décennies plus tard, l’oubli aidant, des gardes-champêtres venaient y casser la croûte le midi ou y faire un barbecue, des sociétés de chasse y dépeçaient leurs proies en toute ignorance avant que l’Office national des forêts n’en interdise l’accès il y a quinze ans. Les sangliers, eux, continuent d’y faire leurs bauges, baignant parmi d’inaltérables déchets cheminant jusqu’à la nappe phréatique et dans les cours d’eau environnants. Le reporter Olivier Saint-Hilaire est devenu chercheur suite à cette découverte en se lançant dans une thèse sur les déchets et les contaminations des munitions de la Première Guerre mondiale à l’EHESS. Je suis particulièrement sensible aux deux menaces que je vois dans cette image. La menace que fait peser l’industrie sur la terre pour peu qu’elle y trouve, même à très court terme, son compte. Et en retour la menace qu’adresse le photographe à ceux qui continuent d’empoisonner le monde dans lequel nous vivons : « Je vous vois faire, car j’ai vu ce que vous avez fait. » À la manière d’un sous-entendu, il n’existe à mon sens rien d’aussi efficace que la « contreforme », sorte de negative space dans la composition psychique de certaines oeuvres. Quand un artiste montre ce qui fait défaut, la marge, l’espace laissé vacant. Ici le noir en lieu et place de l’herbe verte. Un trou de non-verdure 

© Olivier Saint-Hilaire

© Olivier Saint-Hilaire

Explorez
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
© Francesco Topino / Instagram
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
Le ciel s’assombrit, les températures chutent. La vision se brouille. Alors que l’automne nous enveloppe dans une brume quotidienne, les...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #527 : l'être-nature
© Tetsuo Kashiwada / Instagram
La sélection Instagram #527 : l’être-nature
Trop souvent l’être humain s’est pensé extérieur au monde naturel. Capitalisme et mondialisation en sont en partie responsables. Si la...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
The Wave, Jamaica, 2013 © Txema Yeste, courtesy of Galería Alta
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
Du 9 au 26 octobre 2026, le village côtier de Cadaqués, en Catalogne, devient le théâtre du monde de l’image. Quarante photographes, en...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
© Francesco Topino / Instagram
La sélection Instagram #531 : dans le brouillard
Le ciel s’assombrit, les températures chutent. La vision se brouille. Alors que l’automne nous enveloppe dans une brume quotidienne, les...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
© Charlotte Abramow
5 questions à Charlotte Abramow : le souvenir de Maurice
Sept ans après la publication de son ouvrage Maurice, tristesse et rigolade, Charlotte Abramow rouvre les pages de l’histoire de son...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
© Ana da Silva
Les coups de cœur #564 : Lycien-David Cséry et Ana da Silva
Lycien-David Cséry et Ana da Silva, nos coups de cœur de la semaine, prêtent attention aux détails. Le premier observe les objets et les...
03 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger