Guillaume Tomasi partage sa perception du monde, et Agathe Lippa évoque sa fascination pour les fenêtres. Voici nos deux coups de cœur de la semaine.
Agathe Lippa
« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. […] Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. »
Dans ses Petits Poèmes en prose, Charles Baudelaire évoquait sa fascination pour les fenêtres. Une fascination que partage Agathe Lippa. « Comme tous les rêveurs, je suis séduite par l’ailleurs et je suis éprise de liberté. Au fil du temps, j’ai trouvé un intérêt photographique évident. La fenêtre, comme la vitre au sens plus général, permet de superposer, de confronter des plans et de poser la question du regard », confie la photographe installée à Paris. La fenêtre est pour elle le plus intéressant des cadres. « Elle fait le lien entre l’intime et le public, entre soi et le monde. C’est par elle qu’entre la lumière et que s’évade le regard », ajoute-t-elle. Destination de fantasmes, terre des possibles, emblème de l’American dream, New York est le lieu où elle a choisi de photographier cet objet fascinant.
© Agathe Lippa
Guillaume Tomasi
En 2016, le photographe franco-canadien Guillaume Tomasi a quitté le monde de l’informatique pour se consacrer à la photographie. « J’ai repris mes études à 32 ans. Et c’est durant mon bachelor en arts appliqués, à l’université Concordia, à Montréal, que j’ai découvert la photographie argentique. J’ai été séduit par le processus lent qui laisse la part belle aux surprises et aux imperfections, explique l’artiste. Chaque journée est un prétexte pour faire des photos, et je partage sur mon Tumblr les résultats de mes vagabondages. Je n’ai compris que très récemment que la majorité de mes projets portent sur la mémoire. » Avec sa série Chrysalises, il entame une réflexion sur notre perception du monde. « Ce travail est né grâce à mon premier enfant. À l’âge de 2 ans, il a eu une grosse fièvre. “Où sont passés les papillons ?”, a-t-il demandé durant son sommeil. J’ai extrapolé. Comment allait-il réagir quand il prendrait conscience que le monde est différent de l’image que je lui transmets ? »
© Guillaume Tomasi
Image d’ouverture © Agathe Lippa