Angélique de Place et Swannie Robert, nos coups de cœur #266 développent toutes deux une écriture intuitive, inspirée par le féminin. Si l’une entreprend une quête spirituelle, l’autre documente une maladie encore méconnue
Swannie Robert
« Ma démarche est intuitive, sensible et intimiste. Elle questionne les profonds changements de notre époque »,
déclare Swannie Robert. Cette photographe et styliste mode installé à Paris ne cesse de documenter le rapport à soi, à la nature, et la place du féminin dans notre société. Des thèmes que l’on retrouve dans What she gave me. « Le projet tente de redéfinir le principe féminin comme une source d’énergie créatrice émanant de la Terre », explique-t-elle. Réalisée durant un séjour de plusieurs mois sur l’île d’Amorgos en Grèce, la série mêle images de paysages et corps nus : une quête de (re)connexion spirituelle entre le corps et l’humain. « Bien que la série comporte uniquement des corps de femmes, c’est l’énergie féminine que nous portons tous en nous qui est représentée », précise la photographe. Pour elle, il est important de redonner sa valeur à cette énergie, perdue dans un monde en pleine mutation, « un monde qui a besoin de se recréer et de retrouver du sens », ajoute-t-elle. Un travail aux multiples lectures, effleurant de nombreux enjeux philosophiques.
© Swannie Robert
Angélique de Place
Née en France en 1988, Angélique de Place s’est formée au 8e art à l’Institut de la photographie Paris Spéos, ainsi qu’au sein des Magnum Master classes. Elle vit et travaille aujourd’hui entre Paris et Athènes, et développe une écriture intime, inspirée par le féminin, les émotions et l’empathie. Dans L’invisible, projet documentaire, elle illustre son quotidien ponctué par une maladie : l’endométriose. « Diagnostiqué en 2017 après plus de dix ans d’errance médicale, ce trouble chronique m’a déjà coûté sept opérations, raconte la photographe. Avec ce projet, je veux rendre cette maladie visible dans toute son ampleur et ses répercussions, car il ne s’agit pas que de moi : une femme sur dix en est atteinte, soit 176 millions dans le monde ! » En privilégiant un noir et blanc froid, évoquant l’univers médical, Angélique de Place donne à voir l’envers du décor. Joints aux images, des textes, évoquant les entrées d’un journal intime, racontent son mal-être. « Aucun traitement n’existe. Les interventions chirurgicales, les analgésiques, les injections hormonales et autres pilules prescrites luttent contre les symptômes et non contre la cause, toujours inconnue à ce jour (…) La santé des femmes fait l’objet d’une stigmatisation considérable. La douleur n’est pas prise au sérieux », rappelle-t-elle. Un travail nécessaire.
© Angélique de Place
Image d’ouverture : © Angélique de Place