« Fixer la réalité en toute simplicité ». Voici ce qui lie nos deux photographes coups de cœur de la semaine : Bruno Palisson et Laetitia Kitegi.
Bruno Palisson
« Je perçois la ville comme une multitude de perspectives en superposition », confie Bruno Palisson. C’est au cours de longues marches qu’il découvre et comprend la ville. Et c’est ainsi qu’il développe une vision architecturale. Car en plus d’être photographe, Bruno Palisson, 55 ans, est architecte. « Ces Polaroïds ici représentent un acte brut non prémédité. Je me promène, je vois, je déclenche. Je ne cherche pas d’autres cadrages que celui que j’ai devant moi et je ne tourne pas autour du sujet pour faire mieux ou moins bien d’ailleurs. Je ne réfléchis pas pour ces cadrages. Je dois avouer que je suis un obsédé du rapport entre vides et pleins et de leurs formes, matières et couleurs. L’architecture n’est là, qu’un prétexte pour faire une image et le Pola offre une dimension supplémentaire », explique l’artiste à la double casquette.
© Bruno Palisson
Laetitia Kitegi
Laetitia Kitegi, 39 ans, vit et travaille à Toulouse, en tant que photographe. « J’apprécie tout particulièrement le format Polaroid et les films argentiques. Ils m’aident à représenter une réalité que je ne cherche pas à modifier, mais à fixer avec simplicité, pour lui rendre toute sa puissance, sa douceur, son humour ou même sa brutalité. Il y a des motifs qui reviennent souvent dans mes images, des constantes dans mes obsessions visuelles. Je photographie le sujet qui s’échappe, la rupture du mouvement, l’incomplétude. La vie capturée, mais pas dans son entier. Cette vie, ce parcours, continuent en dehors de l’espace photographique. C’est une forme d’humilité volontaire, parce qu’inévitable, une expression de cette timidité qui me définit, une pudeur à ne pas vouloir tout dire (…) Mes photos sont, je crois, un peu à l’image de ce que je suis : une fille aux origines métisses, qui aime rire, dégageant une force pétrie de timidité et d’incertitudes discrètes, mais toujours là, tapie dans une ombre hachée de lumière. Ce sont ces mêmes incertitudes, ces mêmes doutes qui planent dans mes images. J’y trouve, sans vraiment l’avoir cherché, une certaine poésie, une douceur de l’absence annoncée qui, étrangement, me rassurent. »
© Laetitia Kitegi