Entre souvenirs poétiques de voyage et série contre le racisme, nos photographes coups de cœur #296, Gloria Constant Massa et Alexandre Desane, aiment prendre leur temps pour contempler puis capturer leur environnement.
Gloria Constant Massa
« Je suis née avec une âme aventurière. Le voyage a pour moi une dimension spirituelle, il invite à l’introspection »,
confie Gloria Constant Massa. Après l’obtention de son baccalauréat, la jeune femme s’envole pour un périple de trois ans en Australie et en Asie. Là-bas, immergée dans des paysages fabuleux et des cultures étrangères, elle tombe sous le charme de la photographie. « J’ai réalisé que je pouvais m’exprimer et créer des émotions en montrant mes images. Mon travail rassemble paysages, visages, autoportraits… C’est un univers à la fois sombre et coloré, mélancolique et joyeux, quelquefois abstrait », précise-t-elle. Inspirée par Frida Kahlo, Klimt, Harry Gruyaert, Saul Leiter, Jean-Paul Goude ou encore Man Ray, l’artiste capture la nature avec intimité et « parcourt les corps comme s’ils étaient des paysages ». De nature solitaire, elle aime prendre le temps d’observer son environnement pour révéler sa poésie, et se met volontiers en scène pour offrir au regardeur ses propres sensations. « Je cherche à capter, au-delà de l’image, l’émotion qui l’anime », conclut-elle.
© Gloria
Alexandre Desane
« À force d’entendre des histoires de personnes noires renvoyées de leur travail avec pour motif « coiffure non réglementaire », j’ai eu envie de célébrer les cheveux crépus. J’ai choisi de prendre en photo des femmes, hommes, enfants, dans un environnement extérieur et sans lumière additionnelle », explique Alexandre Desane, d’origine haïtienne et né en banlieue parisienne. Ayant été lui-même victime de racisme durant son enfance, cet autodidacte a toujours tout mis en œuvre pour refuser les stéréotypes liés à sa couleur de peau. Comédien, réalisateur, développeur web, photographe, Alexandre Desane multiplie les projets pour aborder le racisme – comme la réalisation d’un mini jeu vidéo avec un héros noir. Sa série Crépus, en noir et blanc, offre un aspect « romanesque et intemporel ». « Je n’ai pas le déclenchement facile, j’ai besoin d’un alignement entre le sujet qui me touche, la lumière et le cadre », poursuit-t-il. Ses inspirations ? Robert Frank, Henri Cartier-Bresson, Leonard Freed, Sabine Weiss, Dawoud Bey et Martine Barrat. Une série réalisée à l’argentique contemplative et engagée.
© Alexandre Desane
Image d’ouverture © Gloria