Nos coups de cœur #317, Maxime Michelet et Christophe Bouillet s’intéressent au territoire. L’un met en lumière son lien avec l’humain, tandis que l’autre réalise une archéologie de l’espace.
Maxime Michelet
« Mon approche photographique s’ancre dans et autour de la solitude. Le médium constitue pour moi un lieu de recueillement, au cœur d’un sentiment d’abandon. Mon regard se porte donc sur les objets, les personnes et les environnements qui exhalent cette même émotion »,
raconte Maxime Michelet, jeune auteur originaire du sud-ouest de la France. C’est en Espagne, il y a sept ans, qu’il découvre le 8e art, en capturant à l’aide d’appareils jetables ses errances dans les rues de Madrid. Depuis, il réalise des projets inspirés par « la communauté LGBTQ+ et les inégalités sociospatiales en milieu urbain ». Véritable conte visuel, Rayane au Sud-Ouest retrace le parcours d’un jeune homme à la masculinité atypique dans la région française. « L’idée de ce projet provient d’un désir de raconter ma terre natale, en opposant les forces brutes de celle-ci à la délicatesse de ce voyageur », explique Maxime Michelet. En suivant son modèle, le photographe raconte « la précaire intégration sociale et territoriale que fut la [s]ienne, en grandissant dans un espace rude, qui laisse peu de place aux masculinités marginales ».
© Maxime Michelet
Christophe Bouillet
Photographe amateur, Christophe Bouillet réalise une prise de vue par jour, qu’il publie sur Instagram en format carré. « Nombre de résultats sont le fruit du hasard. Cette somme générant quelques erreurs, je ne conserve que les plus abouties », confie-t-il. Passionné par les retouches et les cadrages, l’auteur se définit comme « un graphiste qui recherche les lignes, les volumes, les couleurs, qui photographie ce qu’il aimerait dessiner ». De manière spontanée, il raconte, grâce à ses « Polaroïds numériques », ses promenades urbaines, ses souvenirs intimes. Dans les images de l’artiste, pas de portraits, mais des suggestions géométriques. « Je ne photographie pas d’humains, mais j’utilise leurs ombres et leurs reflets pour les capturer malgré tout. Sans le montrer, le corps est déformé et gagne en abstraction. Sa masse devient un volume différent », explique-t-il. Au cœur de cet univers étrange, l’auteur devient archéologue, et met en lumière des détails enfouis, des moments oubliés. Des éclats de vie, recouverts par la rouille du temps.
© Christophe Bouillet
Image d’ouverture : © Maxime Michelet