Nos coups de cœur #326, Charlène Hfr et Claudio Cristini explorent tous deux des thèmes psychologiques et philosophiques. La première capture les états d’âme humains, et le second, l’altérité du réel.
Charlène Hfr
Étudiante en psychologie, Charlène Hfr, 20 ans, a reçu son premier boîtier à l’âge de 8 ans. « J’ai eu la chance d’avoir beaucoup voyagé lorsque j’étais jeune, la photographie est une question de souvenirs : j’avais – et j’ai toujours – peur d’oublier ce que je suis en train de vivre », confie-t-elle. Dès lors elle débute un journal visuel, capturant ce qu’elle voie pour mieux encapsuler les émotions que ses découvertes lui procurent. Aujourd’hui, l’artiste strasbourgeoise se concentre davantage sur le portrait. « J’aime mettre l’humain au cœur de mes créations, les états d’âme me touchent particulièrement – c’est sans doute pour cette raison que j’étudie la psychologie », explique-t-elle. Adapte du numérique comme de l’argentique, Charlène Hfr s’inspire du cinéma pour réaliser des images théâtrales. « J’aime aussi le travail de retouche, qu’il s’agisse de rajouter du grain ou de transformer les couleurs. Je souhaite présenter un univers aux nuances qui me sont propres », affirme-t-elle. Dans ses images, elle donne à voir, avec délicatesse, des notions qui lui parlent : « le temps, l’amour, la mélancolie, et moi, au milieu de tout cela », conclut la photographe.
© Charlène Hfr
Claudio Cristini
« Je suis amoureux de la photographie. Elle représente ma manière de célébrer la vie, d’interroger la complexité de l’existence. Elle a toujours évoqué pour moi l’opportunité de plonger dans les yeux d’autrui, et de m’oublier, tandis que j’entre en communion avec la nature. Le 8e art a la faculté d’enregistrer les apparences, et de conserver l’altérité du réel. Une altérité que je laisse venir à moi, et dont j’aime observer les transformations. Je suis ému par cette fatalité »
, déclare Claudio Cristini. C’est au lycée que l’auteur découvre le 8e art, qui devient rapidement pour lui un outil lui permettant d’explorer « la réalité telle que nous l’envisageons ». Et c’est grâce à divers échanges – au sein d’un collectif artistique, aux côtés du réalisateur Luca Ferri, ou encore à l’École d’art de Glasgow – qu’il développe sa propre écriture. Si l’artiste aime jongler entre différents sujets, certains éléments s’imposent comme des récurrences dans son travail. Parmi eux : « la relation intime entre les hommes et leur environnement, ce lien commun, ancestrale, entre eux ». Dans Water Body, Claudio Cristini étudie par exemple l’eau et ses multiples formes, lorsqu’elle entre en contact avec les corps. Se nourrissant des récits anthropologiques, philosophiques et mythologiques, le photographe construit des œuvres abstraites, poétiques, « tissant des liens entre contemporanéité et intemporalité ».
© Claudio Cristini
Image d’ouverture : © Charlène Hfr