Tous deux inspirés par les arts, Nikita Schukin et Andrea Calandra, nos coups de cœur #346, développent des écritures et des récits divergents. L’un laisse parler sa spontanéité, et l’autre s’inspire d’une mystérieuse spiritualité.
Nikita Schukin
« Je ne sais toujours pas comment mon amour pour la photographie est né. C’est arrivé, à cause d’une série d’accidents. Un jour ordinaire, je suis allé me promener dans un parc, et j’y ai découvert une boutique abandonnée. Quelque chose m’a poussé à la prendre en photo. En rentrant, j’ai regardé mes images, et elles m’ont fasciné. J’ai alors réalisé que je ne devais jamais abandonner ce médium »,
raconte Nikita Schukin. Âgé de 20 ans, l’auteur étudie aujourd’hui le 8e art et la peinture à l’université d’art d’Abkhazie. Là-bas, il développe une approche spontanée, ponctuée par des couleurs et des émotions. « J’ai commencé en dessinant des story-boards, en imaginant des scénarios. Puis, j’ai compris que la photographie était une improvisation », précise-t-il. Inspiré par les peintres impressionnistes et expressionnistes, Nikita Schukin imagine des œuvres alambiquées, où les nuances deviennent « empoisonnées » et les compositions singulières. Intrigué par le portrait, l’artiste place ses modèles dans des mises en scène mystérieuses, et propose, une immersion dans une sensation vive et éclatante. « Cette année, j’ai décidé de m’éloigner de ce que je shoote habituellement, pour m’essayer à la street photography. Je souhaite me concentrer sur les compositions, et les contrastes entre ombres et lumières. Je veux distiller de l’esthétisme dans toutes mes créations – un écho à la culture japonaise qui m’inspire depuis quelque temps déjà », poursuit-il.
© Nikita Schukin
Andrea Calandra
Né en 1985 à Rome, Andrea Calandra partage aujourd’hui son temps entre commandes photographiques et projets personnels. Fasciné par les récits, il voyage et documente les cultures et les histoires qu’il croise sur son chemin. C’est à Togo qu’il réalise Voodoo: a parallel reflection, un projet inspiré par les rituels venus de l’Afrique de l’Ouest. « Toucher à la dimension spirituelle est très difficile. L’animisme n’est qu’un mot, un contenant englobant un grand nombre de réalités, de rituels, de traditions, et de manières de vivre. J’ai décidé d’approcher cette notion comme le ferait une personne curieuse, tout simplement. Lors de mes deux périples au Togo, j’ai été étonné de voir que la magie ne se cachait pas simplement derrière des rituels, mais qu’elle infusait chaque geste du quotidien. J’ai alors commencé à l’appeler « réalisme magique africain », en référence aux écrits de Gabriel Garcia Marquez, qui me rappelaient cette ambiance », raconte l’auteur. Brute, intrigante, sa série se lit comme une ode à ce territoire inconnu, ces moments infimes, qui font basculer les croyances dans le réel. « Ces répétitions d’instants m’ont immergé de plus en plus dans cet univers, tout en accentuant mon respect pour ce monde ancestral », ajoute-t-il. Influencé par la musique, Andrea Calandra envisage désormais de poursuivre sa documentation du vaudou au cœur d’un projet hybride, mêlant image et son.
© Andrea Calandra
Image d’ouverture : © Nikita Schukin