Privilégiant tous deux une démarche esthétique, Claire Delanghe et Valentin Valette, nos coups de cœur #356, abordent des sujets bien différents. L’une explore la beauté de son quotidien, et l’autre documente une communauté aborigène d’Australie.
Claire Delanghe
« J’adore créer dans un but complètement esthétique, mettre en lumière quelque chose qui mérite d’exister uniquement parce que c’est beau. Je prends en photo ce qui attire mon œil, ce qui me fait rêver, voyager. Lorsque la lumière est exactement où elle doit être, que l’instant est magnifique. Je m’extasie au quotidien devant les plus infimes détails »
, raconte Claire Delanghe, 24 ans. À l’argentique, l’artiste capture son environnement en se fiant à son intuition. Minimalistes, délicates, ses images recomposent un décor déserté, où nature et architecture se croisent, et font cohabiter réel et fantasmes. « On m’a souvent dit que mes travaux dégageaient une certaine poésie. J’ai donc souhaité continuer dans cet univers, le mot dreamy m’est venu en tête. Je voulais construire quelque chose avec de la légèreté, de la sensibilité, de l’évasion. Il s’agit d’une série qui donne à voir une certaine contemplation, une tranquillité – comme un apaisement, une plénitude », confie-t-elle. Des fenêtres d’une voiture engloutie par la végétation aux yeux lumineux d’un chat errant, des fragments rythment notre errance, et nous offrent des pistes narratives à emprunter.
© Claire Delanghe
Valentin Valette
Née en 1994, Valentin Valette vit actuellement à Marseille. C’est à l’adolescence que le photographe développe un goût pour les voyages, et les cultures et ethnies ancestrales. En parallèle, le décès d’un oncle photographe lui ouvre les portes du 8e art, qui s’impose alors comme un outil de prédilection pour poursuivre sa quête de l’autre. « Au fil de mes lectures, j’ai découvert plus amplement une communauté aborigène d’Australie, et les questionnements actuelles qui prédominent leur condition. J’ai donc eu envie de les rencontrer, et de cerner davantage les problématiques postcoloniales auxquelles ils font face », raconte-t-il. Ainsi naît Au-delà, un récit monochrome, plaçant les enfants de ce peuple au cœur de l’action. « Loin des villes côtières, le Territoire du Nord leur offre un sanctuaire spirituel où le souvenir des conflits passés est encore ancré dans les mémoires collectives. J’ai tenté par mes images d’illustrer les vies troublées de jeune luttant pour la résilience communautaire, l’affront de l’imposante menace d’une société moderne qui semble constamment vouloir nuire à leurs convictions », ajoute l’auteur. Alcoolisme, maltraitance, santé mentale en déclin, violence domestique… En construisant un récit sociétal, Valentin Valette donne à voir une communauté qui, malgré une envie de créer une société volontaire, peine à instaurer un « vivre ensemble viable et nécessaire ».
© Valentin Valette
Image d’ouverture : © Claire Delanghe