Olga Nekrasova et Tomislav Marcijuš, nos coups de cœur #387 capturent leur intimité de manière différente. L’une se déconstruit et s’entoure de mystère, tandis que l’autre parcourt les terres rêveuses de son passé.
Olga Nekrasova
Venue de Russie, Olga Nekrasova poursuit aujourd’hui sa carrière de photographe freelance à Paris. « Après avoir travaillé dans l’immobilier, ma passion pour les arts et l’expression artistique m’a conduit vers ce médium. Je travaille notamment l’autoportrait, qui me permet de démontrer qu’il est possible de révéler aux autres sa propre intimité sans la barrière des mots ni du langage. Le charme de la photographie ? Elle transcende les cultures et les croyances pour donner du plaisir à tous et toutes », confie-t-elle. Inspirée par le postmodernisme, l’art abstrait et le surréalisme comme par la psychologie, Olga Nekrasova teinte ses images de mystères, de flous calculés, de scénarios étranges pour nous plonger dans un monde onirique, où les cadres du réel se dissolvent dans l’imaginaire. « Mon esthétique est influencée par ma vie en banlieue parisienne. Cette ville cosmopolite m’offre la richesse de ses musées, galeries, performances et événements culturels dont j’ai besoin pour créer », précise-t-elle. En recherche constante d’évolution, l’autrice s’attache aujourd’hui à se faire des corps un atlas capturant les nuances des sentiments et des émotions humain·nes. Déformés, déconstruits ou tout simplement cachés, les visages qu’elle capture illustrent avec élégance nos troubles et nos errances.
© Olga Nekrasova
Tomislav Marcijuš
« La photographie est entrée dans ma vie en 2010, à la sortie du lycée, lorsque j’ai commencé à voyager pour me rendre à divers festivals étrangers. Cette vie m’a transformé. Je me suis toujours senti attiré par les mouvements alternatifs, et j’ai adoré cette période à la fois belle et chaotique »,
raconte Tomislav Marcijuš. Aujourd’hui installé à Osijek, en Croatie, le photographe développe, en argentique, des travaux tournés vers l’humain. « Je capture des gens perdus dans leurs pensées, absents. Je veux montrer le charme de l’ordinaire, de la banalité, donner à voir des atmosphères plus qu’un simple moment », poursuit-il. Une écriture qu’il poursuit dans Baranja Dreaming. Un retour à la terre de ses racines, porté par la nostalgie et l’impact du temps. Baignées d’une lumière douce, hivernale, les images de l’artiste révèlent une campagne déserte, terrain d’une errance poétique. « Ses champs embrumés m’évoquent un rêve dont je ne me serais jamais réveillé. Dans ce brouillard, je retrouve les personnes les plus importantes de ma vie. Car dans notre éternelle recherche du mieux, du plus important, on oublie les espaces et les gens qui nous entourent », commente-t-il. Une traversée apaisante rythmée par des silhouettes anonymes, des instants d’amitiés, et des rayons solaires salvateurs.
© Tomislav Marcijuš
Image d’ouverture : © Olga Nekrasova